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L'ordonnance "anti-guerre des prix" dans l'alimentaire a été adoptée

Les producteurs ont remporté une première manche mercredi face à la distribution, avec l'adoption par le gouvernement d'une ordonnance censée freiner la guerre des prix alimentaires.

Les producteurs ont remporté une première manche mercredi face à la distribution, avec l'adoption par le gouvernement d'une ordonnance censée freiner la guerre des prix alimentaires. - Loïc Venance-AFP

Les producteurs ont remporté une première manche face à la distribution alimentaire, avec l'adoption de l'ordonnance censée freiner la guerre des prix. À partir du 1er février 2019, les produits alimentaires devront être revendus au moins 10% plus cher que le prix auquel il auront été achetés.

Dix-huit mois après le début des Etats-Généraux de l'alimentation lancés par Emmanuel Macron pour redonner du revenu aux agriculteurs, la première ordonnance prévue dans la loi Alimentation récemment votée, a été adoptée en conseil des ministres ce mercredi. Cette adoption intervient après que le monde paysan s'est mobilisé à l’appel du syndicat majoritaire FNSEA, pour demander la publication de cette ordonnance censée favoriser, avec d’autres textes attendus d’ici la mi-2019, l'amélioration du revenu des agriculteurs.

Cette premier texte d'application prévoit trois étapes dans l'échelonnement de mesures censées lutter contre la guerre des prix des produits alimentaires :

À partir du 1er janvier 2019, les promotions sur les produits alimentaires ne pourront pas excéder 34% du prix de vente au consommateur. De facto, les promotions du type "un acheté, un gratuit" seront donc interdites au profit des "deux achetés, un gratuit".

À partir du 1er février 2019, avec le majoration du seuil de revente à perte (SRP), aucun produit alimentaire devra être revendu au moins 10% plus cher que prix auquel il a été acheté, obligeant le commerçant à affecter une marge d'un pourcentage équivalent pour financer ses coûts de distribution.

À partir du 1er mars 2019, le volume global des promotions sera limité à 25% du chiffre d'affaires ou du volume prévisionnel d'achat entre le fournisseur et le distributeur fixé par contrats. Cette mesure concernera tous "les contrats en cours de négociation depuis le 1er décembre" précise l'ordonnance.

Du côté des producteurs, l'Ania qui représente les industries agro-alimentaires, a salué l'ordonnance, tout en appelant les distributeurs à la "responsabilité" pour "enfin arrêter la guerre des prix". Les négociations annuelles entre producteurs et distributeurs ont débuté le 1er décembre dans un climat "de tension", a précisé l'Ania.

  • L'ordonnance sur les prix "abusivement bas" est à venir

Chez les agriculteurs, Christiane Lambert, dirigeante du syndicat majoritaire FNSEA, a pris acte de l'adoption de la première ordonnance. Mais elle a surtout indiqué que la Fédération restait "vigilante" sur la publication d'une deuxième ordonnance prévue par la loi, qui doit établir le niveau des prix "abusivement bas".

Les agriculteurs, dont un tiers vivent largement au dessous du seuil de pauvreté, souhaitent que leur salaire soient pris en compte, ce que la distribution rechigne à accepter, habituée à des produits mondialisés à bas prix.

  • Un signe de détente néanmoins: ce mercredi, un premier accord tripartite prévoyant un relèvement du prix du lait, a été dévoilé (cf encadré ci-dessous) entre les fromageries Bel, l'association des producteurs de lait Bel Ouest et Intermarché.

accord inédit entre intermarché, bel et ses producteurs laitiers

L'association des producteurs de lait Bel Ouest, les fromageries Bel, et Intermarché ont annoncé ce mercredi 12 décembre un accord tripartite inédit selon lequel le distributeur s'engage à payer un peu plus cher les produits Bel pour mieux rémunérer les producteurs de lait qui le fournissent.

Dans le cadre de cet accord entre les 800 producteurs laitiers de l'association, un transformateur et un distributeur, le prix du lait a été fixé pour cette année à 371 euros les 1000 litres, en comptant les primes pour une alimentation sans OGM pour les troupeaux laitiers et la mise en pâturage au moins 150 jours par an.

C'est un prix nettement supérieur au prix moyen du lait standard en France, qui s'élevait à 333 euros les 1.000 litres en 2017, selon FranceAgriMer.

F.Bergé avec AFP