BFM Business
France

Inflation: une entreprise sur quatre a augmenté ses prix

Selon la Banque de France, un quart des entreprises a augmenté ses prix en octobre. Mais les problèmes d'approvisionnement semblent commencer à se stabiliser tandis que les difficultés de recrutement reculent. De quoi écarter définitivement le scénario d'une inflation durable et incontrôlée?

En hausse de 2,6%, les prix ont poursuivi leur hausse en octobre, en France, sous l’effet d’une forte reprise économique dans un contexte de tensions sur les approvisionnements. Selon une enquête de la Banque de France réalisée en octobre, la flambée des matières premières et de l’énergie a contraint un quart des entreprises (25%), en particulier des TPE et PME, a augmenté leurs prix. A titre de comparaison, cette proportion n’était que de 5% fin 2019.

Bonne nouvelle toutefois pour le consommateur, "les entreprises ne répercutent pas complètement les hausses de prix de matières premières" sur le prix de vente, note Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France. Elles pourraient en revanche finir par le faire si les coûts de production poursuivent leur hausse en raison des pénuries. Mais Olivier Garnier se veut rassurant sur ce point. S’il semble "prématuré de dire qu’on a passé le pic" des problèmes d’approvisionnement, les entreprises n’ont pas déclaré "d’aggravation" en octobre et certaines ont même constaté "un recul".

Les difficultés d’accès aux matières premières se sont ainsi stabilisés, certes à un niveau élevé, dans l’ensemble de l’industrie en octobre, où elles concernaient 56% des entreprises interrogées, mais 86% dans l’automobile. Elles ont même reflué dans le bâtiment, touchant 58% des entreprises, après 62% en septembre.

Baisse des difficultés de recrutement

Cette amélioration toute relative de la situation conforte la Banque de France dans son idée selon laquelle l’inflation observée ces derniers mois n’est que temporaire. Une prévision partagée par de nombreux économistes et par la Banque centrale européenne qui table sur une hausse des prix de 2,2% en 2021 en zone euro, puis de 1,7% en 2022 et 1,5% en 2023.

Sur le "choc logistique, on est probablement arrivé au pic du problème. On est probablement en train de commencer à résorber les choses", en déduit sur BFM Business Jean-Charles Simon, président de Stacian et d’ETF Patrimoine. La Banque de France relève de surcroît qu’il n’y a pas pour l’heure de hausse généralisée des salaires et que les entreprises semblent moins souffrir de difficultés à recruter puisqu’un peu moins de la moitié d’entre elles (49%) affirment avoir rencontré ce type de problème en octobre, soit 5 points de moins qu’en septembre.

La boucle prix-salaires

Cette observation tend à confirmer que la boucle prix-salaires qui génère une inflation durable ne s’est pas déclenchée. Ce phénomène peut pourtant se produire en période de hausse des prix (les salariés réclament des revalorisations pour maintenir leur pouvoir d’achat), et d’autant plus lorsque les employeurs sont confrontées parallèlement à des difficultés de recrutement qui les poussent à proposer des rémunérations plus alléchantes pour attirer les candidats. En contrepartie, les entreprises augmentent leurs prix, l’inflation accélère, ce qui poussent les salariés à demander une nouvelle revalorisation, et ainsi de suite.

A ce stade, la note de la Banque de France écarte ce scénario. Mais pour certains experts, l’inflation ne sera pas pour autant temporaire: "Je suis frappé de voir qu’il y a une sorte de déni des économistes alors que tous les signaux vont dans le même sens", rétorque Philippe Manière, président de Vae Solis Communications et ex-directeur de l’institut Montaigne.

Pour lui, le déclenchement de la boucle prix-salaires ne pourrait être qu’une question de temps: "Elle commence à s’amorcer dans certains métiers en tension et c’est autant les consultants que les garçons de café. Ça ne peut pas ne pas arriver. Je ne comprends pas par quel miracle on aurait un phénomène où tous les coûts augmentent, sauf les coûts salariaux".
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco