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France: pourquoi le remboursement de la dette va être de moins en moins coûteux pour l'Etat

La charge de la dette devrait représenter 1,3% du PIB en 2021.

La charge de la dette devrait représenter 1,3% du PIB en 2021. - Philippe Huguen - AFP

Le poids des remboursements de la dette publique va continuer de s'alléger dans les prochaines années, selon les projections de la Banque de France.

Contrairement à la quasi-totalité des pays de la zone euro, la France n'a toujours pas enclenché de baisse de son endettement public. De 85% du PIB en 2011, la dette frôle aujourd'hui les 100% et devrait franchir la barre cette année. Pourtant, par rapport à la taille de l'économie tricolore, le remboursement de la dette coûte de moins en moins cher.

La charge de la dette, autrement dit l'argent dépensé par l'Etat pour rembourser les intérêts, représentait 2,7% du PIB en 2011. Six ans plus tard, elle ne pèse plus que 1,9% du PIB. Et cette tendance devrait se poursuivre, pour atteindre 1,3% en 2021, selon les projections de la Banque de France, repérées par Les Echos. Cela représenterait une marge de 10 milliards d'euros, d'après les calculs du quotidien économique.

Les projections de la Banque de France ne prennent en revanche pas en compte les annonces d'Emmanuel Macron début décembre et les 10 milliards d'euros débloqués en faveur du pouvoir d'achat.

Les taux d'intérêts baissent depuis la crise

Comment expliquer cette situation d'une dette qui grimpe mais des remboursements qui baissent? C'est parce que les taux d'intérêt auxquels l'Etat français emprunte sur les marchés financiers ont chuté ces dernières années. Pour une dette de 10 ans, le taux d'intérêt était de 3,3% en 2011, il est passé à 0,8% en 2018. À court terme (2 ans), la France emprunte même à taux négatif depuis 2014.

La sortie de la crise de la zone euro et le retour de la croissance sont à l'origine de cette tendance. Mais elle ne devrait pas durer. La Banque centrale européenne (BCE) a injecté beaucoup d'argent dans l'économie pour la stimuler. Avec le retour de la croissance et de l'inflation, elle est aujourd'hui en train de réduire son soutien à l'activité et les taux d'emprunt des Etats de la zone euro devraient repartir à la hausse dans les prochaines années. 

La Banque de France prévoit que le taux à 10 ans français soit de 1,4% en 2021. Mais la durée moyenne d'un emprunt français est d'environ huit ans, ce qui laisse du temps avant que cette hausse des taux ne se fasse ressentir dans le budget de l'Etat. Puis, étant donné la morosité des perspectives économiques de la zone euro, la BCE risque d'être encore plus lente à réduire son soutien à l'économie, ce qui ralentirait encore davantage la hausse des taux d'emprunt des Etats.

Jean-Christophe Catalon