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En 2028, la France tournera avec (un peu) moins de nucléaire et plus de renouvelables

Pour le gouvernement, il est nécessaire de préserver une capacité de construction de nouveaux réacteurs nucléaires appuyés sur une technologie et des capacités industrielles nationales.

Pour le gouvernement, il est nécessaire de préserver une capacité de construction de nouveaux réacteurs nucléaires appuyés sur une technologie et des capacités industrielles nationales. - Charly Triballeau-AFP

Report de la baisse du nucléaire à 50% en 2035, essor des renouvelables et réduction des consommations des énergies fossiles: le gouvernement a publié le détail de la feuille de route énergétique de la France à horizon 2028.

Après avoir dévoilé fin novembre 2018 les grandes lignes de sa politique énergétique pour les dix prochaines années, le gouvernement a mis en ligne ue document qui détaille ses ambitions à l'horizon 2028. Ce texte confirme, tout en les précisant, les arbitrages dévoilés par le président Emmanuel Macron fin 2018.

Ce projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit désormais être soumis à de nombreuses instances (comme l'Autorité environnementale) et à un nouvel avis du public avant que ses orientations ne soient gravées dans le marbre d'un décret.

Recul de 2025 à 2035 de la réduction à 50% du nucléaire 

C'est aussi un important instrument de mise en oeuvre de la loi de transition énergétique de 2015, qui va toutefois devoir être amendée pour tenir compte de quelques changements majeurs. La France repousse en effet de 2025 à 2035 son objectif d'abaisser à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité. L'horizon précédent était jugé "irréaliste" par le gouvernement.

Le gouvernement veut fermer les dernières centrales à charbon d'ici 2022 ainsi que 14 réacteurs nucléaires (sur 58), dont les deux de la centrale de Fessenheim en Alsace d'ici 2035. Il prévoit aussi un développement des énergies renouvelables, surtout dans le solaire et l'éolien terrestre.

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- © Source: Stratégie française pour l'énergie et le climat. Programmation pluriannuelle de l'énergie (2019-2023;2024-2028)

Autre changement: la feuille de route entérine le retard pris ces dernières années par la France pour réduire sa consommation d'énergie. Alors que la loi de 2015 visait un recul de 20% d'ici 2030, le gouvernement ne table plus que sur une baisse de 14% en 2028. En cause notamment, le retard pris dans les transports et le bâtiment.

À l'inverse, la consommation primaire des énergies fossiles devraient reculer plus vite qu'escompté, de 35% globalement en 2028 par rapport à 2012. Ainsi, en 2028, la consommation primaire de charbon devrait diminuer de 80 % par rapport à 2012 pour atteindre 27 TWh, celle des produits pétroliers devrait diminuer de 35% par rapport à 2012 pour atteindre 565 TWh et celle du gaz naturel devrait diminuer de 19% par rapport à 2012 pour atteindre 349 TWh PCI.

La chaleur renouvelable produite: + 25% en 2023

Parallèlement, il est prévu de doubler la capacité installée des énergies renouvelables électriques en 2028 par rapport à 2017 avec une capacité installée de 102 à 113 GW en 2028, avec 36 % de renouvelable dans la production d’électricité en 2028. Les capacités installées seront augmentées de 50% d’ici 2023.

La production de chaleur renouvelable devra progresser de 25% en 2023 et entre 40 et 60% en 2028. La production de biogaz injecté devrait atteindre 14 à 22 térawattheures (TWh) en 2028 contre 0,4 TWh en 2017. "Le biogaz (injecté ou utilisé directement) représentera une part de 6 à 8% de la consommation de gaz en 2028" selon le document.

Frédéric Bergé