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Déficit: le gouvernement forcé de revoir ses objectifs à la baisse

La croissance exceptionnelle de 2017 avait conduit le gouvernement a se montrer bien plus optimiste sur ses prévisions économiques. En avril, il avait révisé à la hausse ses ambitions, en anticipant 2,3% de déficit pour 2018. Bruno Le Maire a annoncé ce lundi que cet objectif ne sera pas atteint.

C'est une promesse de campagne à laquelle tient absolument Emmanuel Macron: respecter les règles budgétaires de Bruxelles. La première est de maintenir le déficit en-dessous des 3%. Promesse tenue dès la fin de l'année 2017, avec une croissance exceptionnelle, le déficit est tombée à 2,6%. Grâce à ces résultats, la France est sortie de la procédure pour déficit excessif en juin.

Le gouvernement compte coûte que coûte rester sur cette dynamique. Lors de l'élaboration du budget 2018 il y a un an, Bercy tablait sur une croissance de 1,7% et une déficit de 2,6% pour cette année. Mais les performances de l'année 2017, meilleures que prévu, ont donné un élan d'optimisme à l'exécutif. Dans son programme de stabilité transmis à la Commission européenne en avril, Bercy a révisé ses prévisions à la hausse pour cette année: 2% de croissance et 2,3% de déficit. À terme, il anticipait même un excédent dès 2020 (+0,9%).

"Il n'y aura pas 2,3% de déficit en 2018"

Malheureusement, cet optimisme a été douché par les chiffres de la croissance, très modestes: 0,2% au premier et au deuxième trimestre. Le ralentissement du commerce mondial, sur fond de tensions commerciales initiées par les États-Unis, en est largement responsable, mais aussi le retour de l'inflation, alimentée par le bond du prix du pétrole (+60% en un an) et les hausses de taxes (tabac et carburants). Dans ces conditions, le gouvernement prévoit désormais 1,7% de croissance.

Moins de richesses créées implique forcément moins de rentrées fiscales. En conséquences, "il n'y aura pas 2,3% de déficit en 2018", a concédé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, ce lundi lors d'une rencontre avec des journalistes économiques.

"Nous étions à 2,3. La moindre croissance va nous amener autour de 2,5 point de déficit. Il faut y ajouter la reprise de la dette de la SNCF Réseau, qui représente 0,1 point", a calculé le ministre, évoquant le chiffre de 3,5 milliards d'euros. Cela "nous met à 2,6", a-t-il indiqué, précisant toutefois ne pas vouloir "donner le chiffre exact" à ce stade.

"Il va y avoir, en 2019, un rebond du déficit"

Toujours dans la lettre remise à Bruxelles en avril, le gouvernement prévoyait 1,9% de croissance pour 2019. Dans l'interview au Journal du Dimanche, Édouard Philippe est revenu à la prévision initiale de 1,7%.

Désormais, le gouvernement reste plus flou sur les chiffres. "Il va y avoir, en 2019, un rebond du déficit", a d'ores et déjà prévenu le Premier ministre. Bercy tablerait sur une fourchette comprise entre 2,6% et 3% pour l'an prochain, selon les informations des Echos. À ce rythme-là, atteindre un excédent budgétaire dès 2020 est-il toujours réalisable?

Jean-Christophe Catalon