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Crash des numéros d'urgence: et maintenant?

Suite à l'incident majeur qui a bloqué l'accès à ces numéros en juin dernier, Bercy annonce une série de mesures dont l'application sera contrôlée par une "taskforce".

Renforcer l'infrastructure, contrôler et anticiper les pannes: tel est le plan d'action du gouvernement pour empêcher que se reproduise la panne nationale qui en juin dernier a empêché les Français d'accéder aux numéros de téléphone d'urgence (police, pompiers, Samu) pendant de longues heures. Une panne qui a conduit au décès d'au moins cinq personnes et qui fait suite au dysfonctionnement d'une opération de maintenance chez Orange.

Suite à un rapport sur l'incident réalisé par l'Anssi, l'agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, une réunion de la commission interministérielle de coordination des réseaux et des services de communications électroniques pour la défense et la sécurité publique (CICRESCE) a été organisée ce lundi.

Il en ressort que le gouvernement entend mettre en œuvre dans un délai de 3 à 6 mois plusieurs mesures qui, dans l'essentiel, ont été formulées par l'Anssi dans son rapport. "Le gouvernement prend toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les recommandations formulées par l'Anssi dans son rapport de juillet 2021", commente ainsi Cédric O, secrétaire d'Etat au Numérique.

Obligation de résultats

Il s'agira d'abord de mettre en place chez les opérateurs un système de remontée d'alerte et une supervision technique spécifiques aux numéros d'urgence, tout comme une obligation de résultats (et non plus que de moyens).

Cette mesure nécessite d'adapter le cadre législatif en vigueur afin de "consolider notre modèle de sécurité civile". Une proposition de loi en ce sens a d'ailleurs déjà été votée par les députés, elle doit maintenant être examinée par les sénateurs.

Par ailleurs, un exercice de crise sera organisé d’ici la fin du premier trimestre 2021 par les services de l’Etat, en associant l’ensemble des acteurs concernés, afin de vérifier l’amélioration de la résilience de l’acheminement des communications d’urgence et de la dimension relative à la gestion de la crise.

Bercy entend également mettre l'accent sur le contrôle de l'application de ces mesures. "Une task-force interministérielle composée du ministère de l’Economie, des finances et de la relance, du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Santé et des solidarités est d’ores et déjà actée pour assurer un suivi resserré, nécessaire à une mise en œuvre rapide".

Orange sous surveillance

De son côté, l'Arcep, le régulateur des télécoms devra apprécier "le bon respect par l’opérateur Orange de ses obligations règlementaires en vigueur et, en particulier, de toutes les mesures appropriées pour garantir l’intégrité de ses réseaux, garantir la continuité de ses services et assurer l’alerte des pouvoir publics en cas de défaillance".

La responsabilité de l'opérateur historique a en effet été clairement établie dans l'analyse de la panne. "Orange a mis près d'une heure à prendre conscience que la panne touchait en particulier les services d'urgence, deux heures pour en informer les autorités et près de trois heures pour mettre en place un dispositif adapté. Cela est dû à plusieurs dysfonctionnements internes à Orange", peut-on lire dans le rapport de l'Anssi.

Enfin, le secrétaire d’Etat présidera avant la fin de l’année 2021 une nouvelle réunion du CICRESCE pour faire un point d’étape sur l’avancement de ces travaux.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business