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Ce qu'il faut savoir du Suffren, le nouveau sous-marin nucléaire français

La France célébrera vendredi la mise à l'eau du sous-marin d'attaque nucléaire Suffren construit par Naval Group, le premier de la classe des Barracuda. Capable de rester 70 jours en immersion, ce sous-marin quasi indétectable est conçu pour être une base secrète immergée afin de protéger le Charles de Gaulle.

Son nom : le Suffren. Sa mission: protéger le porte-avions Charles de Gaulle en détectant les sous-marins adverses et faire du renseignement. Son atout: il est quasiment indétectable. Ce sous-marin d’attaque à propulsion nucléaire est un événement pour la Marine Nationale. Il sera inauguré vendredi 12 juillet à Cherbourg par Emmanuel Macron et la ministre des Armées Florence Parly.

Le Suffren inaugure la classe Barracuda, la nouvelle génération de sous-marins à propulsion nucléaire qui remplacera les sous-marins Rubis mis en service entre 1976 et 1990. Le coût de ce programme atteint 9 milliards d'euros. La Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 prévoit la livraison de six Barracuda d'ici 2030.

Sous marin Barracuda
Sous marin Barracuda © Naval Group

Une base secrète immergée

Lors d'une conférence de presse, le capitaine de vaisseau Bertrand Dumoulin, sous-marinier et chef du SIRPA de la Marine Nationale, a précisé les trois principales missions de la série Suffren: "protéger nos sous-marins nucléaires français lanceurs d'engins (SNLE) en détectant des adversaires dans nos zones d'intérêts ou de crise, capter discrètement des renseignements et escorter des bâtiments précieux", à commencer par le Charles de Gaulle.

Barracuda
Barracuda © Naval Group

Ces nouveaux submersibles sont un concentré d'innovations. Plus grands (99 mètres contre 76 mètres) et plus lourds (5300 tonnes contre 2600 tonnes), ils sont capables de plonger à 350 mètres de profondeur pendant 70 jours contre 45 pour les Rubis. A bord, ils peuvent accueillir un équipage de 65 sous-mariniers. Pour la première fois il y aura des femmes à bord. Le sous-marin est plus grand et l'équipage moins important que les Rubis a permis de créer des espaces dédiés aux sous-marinières. Le commandement a été confié au capitaine de frégate Axel Roche.

Drones et mini sous-marins du commando Hubert

Le Suffren fait entrer la Marin nationale dans une nouvelle forme de combat. Il dispose d'un hangar de pont amovible pour les nageurs de combat. "Nous sommes les seuls à en disposer avec les Américains et les Britanniques", signale le capitaine de vaisseau. Cette base secrète immergée est dédiée aux nageurs de combat. Ils l'utiliseront pour faire partir des drones et aller en missions avec des mini sous-marins PSM3G. Ces engins ont été imaginés par le commando Hubert.

L'autre point fort des Barracuda est qu'ils sont presque indétectables. Le son qu'ils émettent équivaut à celui d'un "banc de crevettes", selon l'expression utilisée par les responsables du projet. "Cela leur donne l'avantage acoustique", indique le capitaine Dumoulin. 

Côté armement, le Suffren n'est pas équipé de missile nucléaire, comme les SLNE qu'il doit protéger. Il transporte 50% d’armes en plus que les Rubis. Il dispose de missiles de croisière, de la future torpille lourde F21 et du missile antinavire SM 39. Le Suffren peut tirer quatre missiles en une seule salve à une portée de 1000 km.

Le nouveau sous-marin sera mis à l’eau cet été et débutera les essais en mer au 1er trimestre 2020 pour arriver à Toulon, son port d'attache, avant l’été. Les cinq autres, Outre le Suffren, le Duguay-Trouin, le Tourville et le De Grasse doivent être livrés d'ici à 2025. Viendront ensuite le Rubis et le Casabianca qui arriveront d'ici à 2030. 

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco