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Avec sa proposition de médiation, l'intersyndicale offre une porte de sortie au gouvernement

CFDT, CGT et FO proposent de mettre en pause le report de l'âge de départ à 64 ans pour discuter avec les parties prenantes à travers une médiation.

Si l'intersyndicale affiche toujours une opposition résolue à la réforme des retraites voulue par le gouvernement, elle propose ce mardi un plan de sortie de crise.

Ce plan s'appuie sur une pause de l'application de son article 7 (report de l'âge légal de 62 à 64 ans).

Ensuite, "il faut prendre un mois, un mois et demi pour demander à une, deux, trois personnes, pour faire de la médiation, d'aller voir les différentes parties. Et ensuite on se met autour de la table et on regarde sur la question de la retraite, du travail, sur quoi il y aurait un compromis social", explique ce mardi sur France Inter Laurent Berger, le patron de la CFDT.

"C'est la proposition qui a été faite par l'intersyndicale donc nous allons écrire au président de la République pour valider par écrit cette proposition", abonde Philippe Martinez, le patron de la CGT.

"C'est très malin de la part de Laurent Berger"

Surtout Laurent Berger ajoute: "Ma part c'est de dire: si on ne se met pas d'accord dans les six mois sur la question du travail et de l'équilibre des retraites, alors revenez aux 64 ans mais faites la place au compromis social".

"C'est une nouveauté, c'est une idée que n'avait jamais exprimé jusque là Laurent Berger", souligne Amandine Atalaya, éditorialiste BFMTV. "Ca permet l'apaisement de la situation et ça semble pouvoir offrir à Emmanuel Macron une porte de sortie puisque dès le début, le président refuse l'idée d'un compromis parce qu'il est déterminé à appliquer cette réforme. Ca devient plus difficile de dire non, c'est très malin de la part de Laurent Berger".

Un avis partagé par Bruno Jeudy, éditorialiste politique pour BFMTV. "Macron est pris au mot et là il est cerné de toutes parts" souligne-t-il. "Combien de temps Emmanuel Macron va-t-il tenir à ne pas répondre et à serrer les points, attendre le Conseil constitutionnel, faire le pari de l'usure. Non, il ne marchera pas son pari de l'usure".

"Macron est pris au mot"

"Ce qu'on veut, c'est remettre le dossier à l'endroit. C'est avoir le temps de parler des questions de l'évolution du travail et en même temps aborder la question des retraites. En faisant cela, on saisit l'opportunité de faire la démonstration qu'il y a d'autres solutions que le report de l'âge de 62 à 64 ans. On est dans une logique de discussion, c'est un geste de responsabilité" explique sur BFMTV, Yvan Ricordeau, Secrétaire national de la CFDT.

Reste que le calendrier constitutionnel n'est pas le même que celui des syndicats. "C'est trop long dans ce contexte de tensions. Ce que propose l'intersyndicale aujourd'hui, c'est un geste d'apaisement" qu'il "faut saisir", a dit Laurent Berger.

"On parle maintenant d'une date qui pourrait être le 18 avril, ça fait quand même loin. Est-ce que ça veut dire que l'intersyndicale dans l'entre-temps va mobiliser chaque semaine une grosse journée comme aujourd'hui aves les risques encourus, c'est un vrai souci", analyse Bruno Jeudy.

"On n'a pas forcément besoin de médiation pour se parler" dit Olivier Véran

D'autant plus que les jeunes semblent désormais rejoindre en masse le mouvement. "C'est un vrai souci de plus pour le gouvernement, sur tous les plans. Et hier à Matignon, il y avait une grosse inquiétude sur la présence des jeunes", souligne l'éditorialiste.

Face à cette nouvelle main tendue, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement indique: "on n'a pas forcément besoin de médiation pour se parler". Le porte-parole du gouvernement estime néanmoins qu'il faudra attendre l'avis du Conseil constitutionnel.

"Nous saisissons la proposition de Laurent Berger de se parler, mais directement. Nul besoin de médiation", a-t-il assuré lors du compte-rendu du conseil des ministres. "Il n'y a pas de médiateur dans la République quand on peut se parler directement", a-t-il insisté.

Sur BFMTV, Xavier Albertini, député Horizons (majorité) de la Marne explique de son côté que "cette ouverture est une possibilité. Mais il ne faut pas oublier que le président de la République répond à une constitution et face au processus général qui respecte la Constitution, nous avons une étape intermédiaire qui s'appelle le Conseil constitutionnel, il convient d'attendre" leur avis, affirme-t-il. Et de proposer aux syndicats "de suspendre les manifestations"...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business