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Allemagne, Italie, Espagne… la France n'est pas la seule à souffrir pour boucler son budget

Le déficit public de la France est finalement attendu à 5,1% en 2024, bien au-delà des prévisions initiales. Une épine de plus dans le pied du gouvernement pour respecter ses engagements budgétaires. Mais la France est loin d'être un cas isolé en Europe.

Les masques sont tombés mercredi avec la présentation du pacte de stabilité. La trajectoire budgétaire de la France s'est considérablement dégradée avec un déficit attendu à 5,1% pour 2024, contre 4,4% prévu initialement. Pour atteindre ce chiffre, Bercy devra trouver dix milliards d'euros supplémentaires dès cette année, en plus des dix milliards d'euros d'économies déjà annoncés.

Mais heureusement pour nous et pour nos taux d'intérêt, il n'y a pas qu'en France que boucler son budget devient mission impossible. En réalité, tous les grands pays européens ont de plus en plus de mal à boucler leur budget.

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Si l'on regarde ailleurs en Europe, nos trois grands partenaires que sont l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne ont connu les mêmes difficultés que les nôtres, pour ne pas dire pire.

L'Allemagne sabre dans ses dépenses publiques

L'Allemagne, exemple même de la responsabilité budgétaire en Europe, a connu les pires difficultés ces derniers mois en matière de finances publiques. À quelques jours de la deadline budgétaire, la coalition d'Olaf Scholz s'est retrouvée avec un trou à combler de 60 milliards d'euros dans son budget 2024, après une décision de la cour constitutionnelle allemande.

"Nous devons nous contenter de beaucoup moins d'argent", a admis le chancelier Olaf Scholz, expliquant qu'il avait fallu "établir des priorités et clarifier ce que nous pouvons nous permettre ou pas".

Résultat, après ce coup de semonce, le gouvernement fédéral a décidé de rétablir sa règle de stricte limitation du déficit public et de sabrer dans l'urgence dans les dépenses publiques. L'Allemagne a donc arrêté du jour au lendemain les aides à l'achat de voitures électriques, supprimé des subventions nuisibles au climat, réduit les dépenses de certains ministères et diminué les subventions publiques, notamment pour soutenir le développement de l'industrie photovoltaïque.

L'Italie gagne du temps, l'Espagne sans budget

La situation n'est pas plus glorieuse en Italie, où le gouvernement Meloni a tout simplement refusé d'envoyer son programme de stabilité à Bruxelles. Le pays est incapable de se fixer une trajectoire budgétaire et il n'a toujours pas donné le chiffre définitif de son déficit de l'an dernier. L'Italie s'est contentée de publier ses prévisions de croissance pour 2024 et 2025, respectivement abaissées à 1% et 1,2%.

Le gouvernement attend d'y voir plus clair sur les nouvelles règles du Pacte de stabilité qui devraient entrer en vigueur en mai. Ces règles prévoient un nouvel outil, le "plan fiscal et structurel à moyen terme" qui sera soumis à Bruxelles avant le 20 septembre et dans lequel "le gouvernement fournira tous les éléments utiles à l'élaboration du budget", ont fait valoir des sources gouvernementales.

"Nous souhaitons le présenter avant cette date, lorsque tous les éléments seront disponibles", a commenté le ministre de l'Économie Giancarlo Giorgetti.

Enfin, en Espagne, la situation est tout simplement ubuesque puisque le pays n'a pas de budget. L'Espagne n'a pas pu voter de budget pour 2024 à cause de l'instabilité politique du Parlement et des indépendantistes catalans.

L’exécutif gouverne donc depuis le 1er janvier sur la base du budget 2023, qui a été prolongé. La constitution espagnole autorise le gouvernement à prolonger les plafonds de dépenses et de recettes d’un budget pendant plusieurs années, sous conditions, en cas d’absence de consensus au Parlement.

Thomas Sasportas, avec Clément Lesaffre et AFP