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Alimentation: les émissions de gaz à effet de serre liées aux importations en hausse en France

Selon un rapport du Haut conseil pour le climat, près de la moitié des émissions alimentaires en France sont des émissions importées.

La part des émissions liées aux importations des produits agricoles a augmenté en France, et compte désormais pour près de la moitié de l'empreinte carbone alimentaire française, indique ce jeudi dans un rapport le Haut conseil pour le climat. Selon ce rapport, publié en pleine mobilisation des agriculteurs, "46% des émissions alimentaires sont des émissions importées", soit 63 millions de tonnes équivalents CO2, contre 42% en 2010 (61 millions de tonnes).

Les importations atteignent ainsi "40 à 50%" des légumes les plus consommés en France, et la part de fruits, poissons et crustacés importés est également élevée, détaille le Haut conseil pour le climat (HCC).

"Par ailleurs, 20% de la viande bovine et 30 à 40% du porc ou de la volaille consommés en France sont importés", souligne l'organisme indépendant, selon lequel "en vingt ans, les importations de viandes et préparations de volailles ont été multipliées par plus de quatre", pour "en partie répondre à la demande de l'industrie agro-alimentaire" et de la restauration.

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Le système alimentaire représente 22% de l'empreinte carbone des Français

L'élevage est à lui seul responsable de 59% des émissions de l'agriculture, un secteur qui comptait lui-même pour 18% des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France en 2021. Le système alimentaire dans son ensemble représente 22% de l'empreinte carbone globale des Français, selon le HCC. Les bovins sont la principale source d'émissions directes de l'élevage (83%), qui sont essentiellement dues au méthane que les vaches produisent en rotant et à la gestion de leurs déjections.

Les émissions de l'élevage ont diminué de 15% entre 1990 et 2021, mais cette baisse résulte principalement d'une réduction du cheptel en raison des "difficultés socio-économiques du secteur", note l'organisme indépendant. L'élevage est régulièrement épinglé pour ses importantes émissions de gaz à effet de serre, et la Cour des comptes avait en mai 2023 recommandé de "définir une stratégie de réduction" du nombre de vaches élevées en France.

Réduire la consommation de produits d'origines animales

"Cela ne servirait à rien de donner des consignes de taux de diminution du cheptel bovin parce que si la consommation ne diminue pas en parallèle, cela augmente les importations", a estimé lors d'une conférence de presse Marion Guillou, membre du Haut conseil pour le climat.

"Aujourd'hui, le poids carbone des importations des pays en dehors de l'Union européenne est supérieur au poids carbone des productions européennes bovines", a-t-elle souligné, à l'heure où l'UE négocie des accords commerciaux avec plusieurs pays (Australie, Vietnam, Chili, pays du Mercosur).

Le HCC recommande plutôt de commencer par manger moins de produits d'origines animales: une baisse de la consommation d'au moins 30% aiderait à réduire de moitié les émissions d'origine agricole d'ici 2050.

P.L. avec AFP