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Finances publiques

Un économiste du Conseil d'analyse économique juge "absurde" de refuser toute hausse d'impôts

Le Conseil d'analyse économique se présente comme une instance pluraliste composée d'économistes professionnels reconnus et de sensibilités diverses, chargée de réaliser "en toute indépendance, des analyses économiques pour le gouvernement".

"Refuser toute hausse d'impôts, au vu de notre situation budgétaire, c'est absurde", a estimé Camille Landais, président délégué du Conseil d'analyse économique (CAE), organe placé auprès du Premier ministre, dans une interview au quotidien Les Echos. "Certes, nous avons déjà un taux de prélèvements obligatoires élevé et la consolidation de notre déficit primaire ne pourra se faire seulement en augmentant les recettes", a-t-il ajouté.

"Mais à l'inverse, je ne vois pas comment cette consolidation budgétaire pourra être défendue sans faire contribuer tout le monde, notamment les plus riches", a-t-il exposé, dans les colonnes du quotidien économique.

"La question de la fiscalité des très hauts revenus et patrimoines se pose donc pleinement, ne serait-ce que pour des raisons d'équité", a-t-il déclaré, jugeant "très largement exagérée" l'idée d'une "hypermobilité des grandes fortunes" d'un pays à l'autre.

Faire contribuer les retraités actuels

Le Conseil d'analyse économique se présente comme une instance pluraliste composée d'économistes professionnels reconnus et de sensibilités diverses, chargée de réaliser "en toute indépendance, des analyses économiques pour le gouvernement", selon son site. Interrogé sur l'éventualité d'une remise en cause de la fiscalité des entreprises, son président délégué Camille Landais a estimé que cela ne pouvait "pas être écarté non plus", bien que "le débat sur la taxation des superprofits ne (lui) semble pas être le bon", risquant d'aboutir à des "dispositifs peu efficaces, massivement contournés par les entreprises et transitoires".

Il a en outre appelé à faire contribuer les retraités actuels "à l'effort, ne serait-ce que pour des considérations d'équité intergénérationnelle", et mis en question certaines dépenses "très élevées, mais avec une efficacité limitée". Il cite le Crédit d'impôt recherche (CIR) pour les entreprises et le "système d'aides à l'apprentissage, beaucoup trop généreux pour les étudiants du supérieur".

Le gouvernement a annoncé la semaine précédente un dérapage du déficit public en 2023, et cherche des mesures d'économies. Dix milliards d'euros d'économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncés pour 2025, mais des "économies supplémentaires" seront nécessaires dès 2024, selon le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

TT avec AFP