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Finances publiques

Déficit, dette, impôts... Les surprises du millésime 2022 des comptes publics

Avec un déficit à 4,7% du PIB et une dette à 111,6%, la France finit 2022 mieux que ne le prévoyait le gouvernement. Car -autre bonne surprise pour les gestionnaires des comptes publics- le fisc et la sécurité sociale ont bénéficié d'un niveau record de recettes.

Le pire n’est jamais certain. L’été dernier, Bercy avait envoyé à Bruxelles son "programme de stabilité" pour les cinq années à venir. Jugé trop optimiste par certains, le scénario de l’exécutif tablait pour 2022 sur une légère amélioration tant du niveau du déficit public que de celui de la dette. Le premier devait passer de 6,4% à 5% du PIB et la seconde de 112,5 à 111,9% grâce, notamment, à une croissance attendue alors à 2,5% et une amélioration sur le front de l’emploi.

Neuf mois plus tard, l’Insee constate que Bercy s’était finalement montré plus prudent qu’optimiste. Le bilan annuel des comptes publics laisse en effet apparaître au moins trois bonnes surprises pour l’exécutif: un déficit à 4,7% du PIB, une dette à 111,6% et... un niveau de prélèvements obligatoires record à 45,3%.

Plus de 1400 milliards d'euros de taxes, impôts et cotisations sociales

Car cette amélioration des comptes publics, un peu plus rapide que prévu, tient bel et bien aux niveaux exceptionnels des taxes et impôts versés au fisc et des cotisations sociales touchées par l’Urssaf. Voilà qui peut paraître paradoxal.

Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances clame régulièrement son refus d’augmenter les impôts. Et pourtant, jamais les contribuables, ménages et entreprises, n’en auront versé autant sur une seule année: plus de 1.400 milliards d’euros de taxes, impôts et cotisations sociales.

Deux explications principales à ce record: les profits en hausse des entreprises ont aussi profité au fisc et l’amélioration du marché du travail s’est traduit par un nombre croissant de salariés et donc de cotisants aux assurances sociales et de contribuables assujettis à l’impôt sur le revenu et au taux maximal de la CSG.

Les intérêts de la dette en hausse de près de 40%

Pour autant ces trois bonnes nouvelles -pour ceux qui gèrent les comptes publics- sont largement contrebalancées par le fait majeur du moment: l’argent gratuit, c’est fini. Pour financer son déficit qui reste colossal, la France emprunte massivement et de plus en plus cher.

Déjà en 2022 la charge de la dette (ce que lui coûte les intérêts de tous ses emprunts) a connu une forte poussée (+39,7%), passant, selon l’Insee, de 38,1 à 53,2 milliards d’euros. Et cette année, la facture s’annonce encore plus salée. A chaque fois que les taux d’intérêt progressent d’un point, la France doit débourser 17 milliards d’euros supplémentaires.

Autrement dit, même avec des impôts qui rapportent plus et davantage de Français qui travaillent, seule une baisse des dépenses permettra de réduire sensiblement le déficit et la dette de la France comme le gouvernement s’y est engagé... cet été.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco