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Financement de la protection sociale: les territoires pauvres ne sont pas les plus petits contributeurs

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CAF - Philippe Hughen-AFP

Selon une étude de l'institut Montaigne, la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France, est le huitième contributeur au financement de la protection sociale.

"Les quartiers pauvres ont un avenir". Dans son dernier rapport, l’institut Montaigne démonte les idées reçues sur les territoires pauvres en France qui regroupent 8% de la population, soit 5,5 millions de personnes. Consultant et essayiste, l’auteur de cette étude, Hakim El Karoui, explique notamment que "rien n’indique que plus un département est pauvre, moins il contribue au financement de la protection sociale, ni l’inverse".

Pour illustrer son propos, l’institut Montaigne prend l’exemple de la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France (taux de pauvreté de 29%, contre 14,9% pour la moyenne nationale) mais également huitième département le plus contributeur au financement de la protection sociale, avec près de 9300 euros par habitant.

"En montants absolus, les flux qui sortent de Seine-Saint-Denis pour financer la protection sociale sont estimés à 14,4 milliards d’euros, un montant sensiblement supérieur aux 12,8 milliards d’euros du Val-de-Marne et proche des 15,1 milliards d’euros des Yvelines", le quatrième contributeur, indique le rapport. Paris, dont le taux de pauvreté est légèrement supérieur à la moyenne nationale (16,2%) est en outre le premier contributeur par habitant aux ressources de la protection sociale avec environ 25.300 euros.

Les territoires pauvres ne sont pas forcément les mieux servis

L’étude de l’Institut Montaigne souligne également qu’il est faux de dire que les territoires les plus pauvres sont ceux qui reçoivent le plus de la solidarité nationale. Ainsi, le montant moyen des transferts sociaux (retraites et minima sociaux) est d’environ 6800 euros par habitant en France métropolitaine, contre 6100 euros dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV).

"En montants absolus, les revenus issus des transferts des habitants des quartiers pauvres restent donc en dessous de la moyenne nationale, bien que leur part dans le revenu disponible soit plus importante", observe l’Institut Montaigne.

Notons par ailleurs que malgré son statut de département le plus pauvre de France et de huitième contributeur, la Seine-Saint-Denis est le département qui reçoit le moins de prestations sociales (famille, emploi, vieillesse, santé, logement, etc.) avec près de 8400 euros par habitant.

Une analyse qu’il convient toutefois de nuancer puisque la Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France avec près de 1,8 fois plus de jeunes de moins de 20 ans que de personnes de 60 ans et plus. La part de retraités dans sa population est en outre de 13,2% soit près de six points inférieure à la moyenne nationale.

Or, les risques Santé et Vieillesse représentaient 81% du total des prestations de protection sociale en 2017. A l’inverse, on constate que parmi les dix départements où l’on observe les montants les plus élevés de dépenses de protection sociale par habitant, huit ont une part de retraités dans la population supérieure à la moyenne nationale.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco