Échange tendu à l'Assemblée entre Olivier Dussopt et Jérôme Guedj sur la retraite à 1200 euros

Le député socialiste qui s'est rendu à la Direction de la Sécurité Sociale estime que le ministre du Travail ne donne pas de bons chiffres concernant les effectifs de retraités concernés par les hausses des petites pensions.

Le député PS Jérôme Guedj a réclamé jeudi à la Sécurité sociale des documents et tableaux de chiffres sur les conséquences de la réforme des retraites, autour desquelles il s'est querellé ensuite avec le ministre du Travail.

"Vous perdez les pédales depuis quelques jours" et "vous ne savez pas comment vous refaire la cerise", lui a lancé dans l'hémicycle Olivier Dussopt, sous les huées de la gauche.

Jérôme Guedj, suivi d'autres élus de la Nupes, venait de faire un rappel au règlement pour demander au ministre d'étayer ses chiffres sur le minimum de pension, en mettant en cause la "sincérité" des données avancées.

Ce mercredi, le ministre du Travail a donné des détails chiffrés sur France Inter concernant les revalorisations des petites retraites. Concernant les actuels retraités qui touchent le minimum contributif, Olivier Dussopt assure que 1,8 million de retraités (actuels, ndlr) vont voir leur pension revalorisée", dont la moitié "auront une revalorisation comprise entre 70 et 100 euros" et "vous en avez même 125.000 qui vont aller jusqu'au maximum des 100 euros de revalorisation."

Pour les futurs retraités, le ministre a avancé le nombre de 200.000 personnes qui auront une pension revalorisée et 40.000 dépasseront le niveau de 85% du Smic.

"Pourquoi 40.000 sur 200.000? Parce que ceux qui resteront en dessous des 85% du Smic sont ceux qui ont des carrières incomplètes", a-t-il précisé.

13.289 pour les nouveaux retraités de 2024?

Après une suspension de séance en raison de l'agitation ambiante, Olivier Dussopt a dit "retirer son expression malheureuse", mais pas ses chiffres.

"Nous ne trouvons des réponses ni dans l'étude d'impact faite par le gouvernement, ni dans les retours des ministres" malgré "nos demandes répétées", avait expliqué plus tôt à l'AFP le député, qui s'est rendu dans la matinée à la Direction de la Sécurité sociale (DSS), qui dépend de plusieurs ministères.

Sur le nombre donné par le ministre du Travail mercredi de 40.000 futurs retraités qui passeront chaque année le cap des 85% du Smic, il n'a pu recouper cette donnée.

"La Direction de la Sécurité sociale indique que 13.289 personnes de la génération 1962, liquidant leur retraite en 2024, bénéficieront d'un gain de 100 euros", soit le maximum de revalorisation, a précisé le socialiste.

Mais ils seront 40.000 concernés pour la génération 1972, lui a rétorqué Olivier Dussopt.

Jérôme Guedj a aussi scruté la répartition des efforts demandés par cette réforme des retraites, qui doit apporter 17,7 milliards d'euros en 2030 aux caisses: 60% seront supportés par les femmes, lui a indiqué la Direction de la Sécurité sociale.

700 millions d'euros pour les carrières longues

Dans l'après-midi, il devait se rendre à la Caisse nationale d'assurance vieillesse sur le sujet des majorations de durée d'assurance pour les mères. Le recul de l'âge de départ à la retraite annulera le bénéfice de ces majorations pour 96.000 femmes, soit 25 à 30.000 femmes de plus qu'actuellement, d'après ce qu'il a déjà obtenu.

Sur le sujet des carrières longues et les avancées proposées par la Première ministre, il a pu valider le chiffrage du ministre de l'Economie à 700 millions d'euros.

"C'est la réforme Dracula: plus on l'éclaire, plus elle se transforme en cendres", selon Jérôme Guedj.

Il dispose de pouvoirs d'investigation "sur pièces et sur place", en tant que coprésident de la mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale.

https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco