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Débrancher la Russie de Swift: la commission européenne se donne "quelques jours" pour y réfléchir

Alors que la pression s'accentue pour exclure la Russie du système de paiement international Swift, la Commission européenne a encore besoin de temps, notamment pour en étudier la "faisabilité technique", a précisé Paolo Gentiloni à BFM Business.

La pression s'accentue en Europe pour accroître encore les sanctions contre la Russie en l'excluant du système international Swift, malgré les réticences des pays qui craignent pour leur approvisionnement énergétique comme l'Allemagne ou la Hongrie.

Interrogé sur BFM Business, Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'économie temporise et "se donne quelques jours pour travailler", afin d'en étudier "la faisabilité technique et les conséquences".

Alors que la veille, lors d'un sommet européen, un accord n'avait pu être trouvé pour recourir à cette mesure financière considérée comme maximaliste dans la palette des mesures punitives, plusieurs Etats ont franchi le Rubicon vendredi.

"Nous plaidons en faveur d'une exclusion de la Russie de Swift", a déclaré le chancelier autrichien Karl Nehammer, dont le pays achète 70 à 80% de son gaz à la Russie et qui jusqu'ici y était opposé. La France s'est aussi déclarée en faveur d'une telle exclusion. "Certains Etats membres ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces Etats", a déclaré le ministre des Finances Bruno Le Maire, prenant ainsi ses distances avec le partenaire allemand.

"Nous ne devons pas attendre qu'il y ait des fusillades dans les rues de Kiev et que des cadavres jonchent les sols", s'est indigné aussi sur le sujet le ministre des Affaires étrangères de la Lettonie, Edgars Rinkevics.

300 banques et institutions russes membres

Swift, acronyme de Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication, est un rouage essentiel de la finance mondial, l'un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière. Il permet les règlements interbancaires entre les établissements du monde entier. Concrètement, ce système permet par exemple à un pays comme l'Allemagne de régler électroniquement ses achats de gaz russe, sans avoir à payer en liquide à Gazprom. Selon le site de l'association nationale russe Rosswift, la Russie est le deuxième pays après les Etats-Unis en nombre d'utilisateurs de ce système, avec quelque 300 banques et institutions russes membres.

Bloquer un pays de ce système est considéré comme une "arme nucléaire économique", tant l'impact est important sur les relations économiques de ce pays avec le reste du monde. Mais débrancher un Etat de Swift, c'est aussi empêcher ses propres banques de faire des transactions avec les banques du pays puni.

Anne-Katell Mousset avec AFP