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Coronavirus: le gouvernement teste 40 prototypes de masques

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- - FRED DUFOUR / AFP

En pleine controverse sur le manque de masque en France, les services de l’état sont en train de tester l’efficacité d’une quarantaine de nouveaux prototypes de masques.

Edouard Philippe a indiqué samedi que "40 prototypes" de masques étaient actuellement "en cours de test" afin d'augmenter les capacités de production, en pleine polémique sur les stocks et approvisionnements de ces protections contre le coronavirus.

"Nous avons demandé au ministère de l’Economie et au ministère de la Défense de trouver des alternatives, soit pour démultiplier les chaînes de production, soit pour qualifier des alternatives, jetables ou réutilisables", a indiqué le Premier ministre lors d'une déclaration ouvrant l'examen du projet de loi d'urgence à l'Assemblée. 

Des masques chirurgicaux et des FFP2

"40 prototypes sont en cours de tests, pour des masques chirurgicaux comme pour des FFP2" (offrant une meilleure protection), a précisé Edouard Philippe. Cette annonce intervient au terme d’une semaine où des PME du textile, partout en France, ont annoncé avoir confectionné des masques de protection lavables protégeant le Covid 19, et n’attendre que leur homologation pour les produire en masse.

Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran doit tenir samedi à 15h00 une conférence de presse sur la question de la disponibilité de ces masques, Edouard Philippe a défendu la gestion du gouvernement en la matière.

"S’agissant des masques, dès le mois de février, les quatre principaux fabricants français de masques utilisés par le monde de la santé ont été sollicités pour accroître fortement leurs cadences de production", a-t-il fait valoir. "Le 3 mars j’ai signé un décret de réquisition des stocks et des capacités productives de masques anti-projections et FFP2", a-t-il ajouté.

Dans le même temps, "un déstockage", provenant des réserves de l'Etat, "d'environ 25 millions de masques a été opéré début mars". "Grâce aux réquisitions, malgré ce déstockage, le stock a pu être maintenu à 105 millions de masques au 16 mars. Cette semaine du 16 mars, 29 millions de masques sont distribués aux professionnels", a-t-il encore égrené. 

De même, Edouard Philippe a assuré que la France était en train de finaliser "l’acquisition de centaines de millions de masques" à l'international. Selon le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, la France a abordé l'épidémie avec un stock stratégique de "110 millions de masques chirurgicaux adultes et 40 millions de masques pédiatriques pour les enfants".

Cependant, les oppositions ont pris le relais de l'indignation des soignants en soulignant depuis plusieurs jours la pénurie de masques sur le terrain.

Des entreprises envoient des masques aux soignants

Pendant ce temps-là, la solidarité s’organise. Des grandes entreprises aux collectivités en passant par un producteur de champignons: les dons de masques se multiplient dans l'Hexagone. Parmi les gros donateurs, beaucoup d'industries contraintes de se mettre à l'arrêt. Dans le secteur automobile, PSA a annoncé vendredi la livraison de 130.000 masques aux hôpitaux, services d'urgence et préfectures, 120.000 pour Renault et 30.000 pour Valeo.

Dans l'univers maritime, le Port du Havre a donné 80.000 masques et l'armateur CMA-CGM 100.000 masques FFP2 à l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France. La Fédération de l'industrie nautique a également battu le rappel pour inciter ses adhérents à ressortir "les stocks de sécurité constitués en 2009 contre le virus de la grippe H1N1". 

Les agriculteurs se mobilisent aussi. Dans les Pays de la Loire, les Jeunes agriculteurs ont lancé un appel au don de masques anti-poussière utilisés notamment lors des paillages et épandages de pesticides. "Il peut y avoir facilement une vingtaine de masques par ferme", a estimé Fabien Denis, éleveur dans la Sarthe.

Même modestes, les dons sont encouragés

Dans l'agro-alimentaire, le groupe sucrier Cristal Union a donné 4.000 masques chirurgicaux à l'hôpital de Châlons-en-Champagne, et les entreprises de l'Agropole d'Agen ont mis à disposition d'une clinique une quantité équivalente. Même modestes, les dons sont encouragés, comme dans l'Isère où deux agriculteurs ont été chaudement remerciés sur Twitter par la gendarmerie.

Les services sont aussi pourvoyeurs, comme la mutuelle des collectivités locales SMACL Assurances, qui a remis 40.000 masques chirurgicaux, acquis "en prévision des alertes de grippe H5N1 en 2017", au personnel soignant et de secours des Deux-Sèvres. 

Les initiatives se multiplient également dans les PME. Après avoir rétrocédé à l'Etat 2.300 masques FFP2 début mars, le directeur des "Champignonnières de Sologne", qui achète 10.000 masques par an contre les spores libérés par les champignons, a donné cette semaine 1.200 masques à la mairie et à l'hôpital de Vierzon ainsi qu'à des cabinets médicaux, qu'il livre "personnellement". 

Ne pas donner plus de 1000 masques

Dans les Deux-Sèvres, le patron d'un fabricant de meubles a donné son stock de 60 masques anti-poussières à son médecin généraliste, tandis qu'en Lorraine, les couvreurs "Bras Frères" ont donné 4.000 combinaisons et près de 900 masques à l'hôpital de Verdun. Même les diagnostiqueurs immobiliers ont lancé un appel aux dons baptisé "Aux masques citoyens".

Même petite musique dans le public. Le conseil régional d'Auvergne-Rhône Alpes a expédié jeudi 1.440 masques FFP3 au Centre hospitalier d'Ardèche Méridionale qui était à court. A Grenoble, le CEA a donné 25.000 masques chirurgicaux et 5.000 FFP2 au CHU qui avait diffusé un tutoriel de fabrication de masques "faits maison".

Au rectorat d'Amiens, près de 48.000 masques chirurgicaux et FFP2 ont été ressortis en quelques jours des tiroirs des écoles et services administratifs.

Vendredi, la métropole lyonnaise a fait état d'un total de 100.000 dons de masques chirurgicaux à l'ARS, la préfecture du Calvados de 50.000, tandis que la région Nouvelle-Aquitaine va redistribuer... 2 millions de masques issus de stocks périmés mais néanmoins parfaitement utilisables.

Face à la multiplication des dons "de gré à gré", l'ARS de Nouvelle-Aquitaine a toutefois conseillé aux donateurs de "plus de 1.000 masques" de se rapprocher des ARS pour éviter de surdoter certains établissements.

Nina Godart avec AFP