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Chypre: la BCE lève son ultimatum

La BCE continuera donc d'accorder des liquidités aux banques chypriotes

La BCE continuera donc d'accorder des liquidités aux banques chypriotes - -

L'institution européenne a décidé, ce lundi 25 mars, de ne pas s'opposer aux demandes de financement d'urgence des banques de l'île. Ce qui évite officiellement la faillite de Chypre.

La Banque centrale européenne (BCE) met fin à sa menace, ce lundi 25 mars. Dans un communiqué, l'institution européenne annonce qu'elle accepte de continuer à fournir des liquidités d'urgence aux établissements bancaires chypriotes, via son programme ELA (pour "Emergency Liquidity Assistance").

Or, la BCE avait, jeudi 21 mars, menacé de couper le robinet de ces liquidités d'urgence aux banques de l'île, si aucun accord n'était conclu pour que le pays puisse bénéficier de l'aide européenne, nécessaire pour le maintenir à flot.

La BCE jugeait, en effet, que les banques chypriotes ne pouvaient survivre sans ce plan d'aide. Or son programme ELA n'est destiné qu'aux établissements considérés comme solvables.

"Le conseil des gouverneurs de la BCE note que l'accord" doit permettre de "restaurer la viabilité du système financier chypriote, dans le but de financer l'économie de l'île", analyse à ce titre, la BCE, dans ce communiqué. Elle ajoute qu'elle "continuera de surveiller étroitement la situation" du pays.

La BCE évite définitivement le pire

Même si ce n'est pas une surprise, la BCE a décidé de ne pas basculer vers l'inconnu. Comme l'expliquait, la semaine dernière à BFM Business, l'économiste Jézabel Couppey-Soubeyran, professeur d'économie bancaire à Paris I, si l'institution dirigée par Mario Draghi avait privé les banques chypriotes de ces liquidités d'urgence, "le pire était envisageable: faillite du système bancaire, puis de l'Etat chypriote et, enfin, sortie de la zone euro de Nicosie".

Ce ne sera pas le cas puisque le pays et ses bailleurs de fonds sont parvenus à un accord.

L'hypertrophie du secteur bancaire

Ce plan prévoit une lourde restructuration du secteur bancaire du pays en contrepartie des 10 milliards d'euros du plan de sauvetage. Il met ainsi à la contribution des épargnants possédant plus de 100.000 euros. Ces derniers devront enregistrer des pertes d'environ 30% sur l'argent qu'ils ont placé dans la première banque du pays, Cyprus Bank.

Il impose également la faillite de Laïki Bank, deuxième établissement du pays. Les dépôts inférieurs à 100.000 euros seront néanmoins regroupés dans une "good bank" pour bénéficier d'une garantie publique de l'Union européenne.

Le but de la manoeuvre est de diminuer la taille du secteur bancaire qui a atteint des proportions gigantesques: les actifs des banques représentent aujourd'hui huit fois le PIB du pays.

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Julien Marion