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Brexit: "les pêcheurs ne doivent pas être les cocus de l'accord" prévient Hervé Morin

Hervé  Morin

Hervé Morin - -

Le président de la région Normandie est en première ligne dans le conflit qui oppose les pêcheurs normands à ceux des îles anglo-normandes, dans le contexte du Brexit.

En 2018, la "guerre de la coquille Saint-Jacques" avait provoqué une véritable bataille navale entre les pêcheurs normands et leurs homologues britanniques pour des questions de quotas sur le mollusque très prisé.

Un an et demi plus tard, les tensions ne sont pas retombées, et cette fois les pêcheurs normands ont maille à partir avec ceux de Guernesey, notamment depuis l'entrée en vigueur du Brexit, le 31 janvier dernier. L'espace de plusieurs jours, les pêcheurs normands ne pouvaient plus accéder aux eaux poissonneuses anglo-normandes. En représailles, les côtes normandes ont interdit le débarquement du poisson anglais…

"'Il y a deux façon de voir les choses" résume le président de la région Normandie, Hervé Morin. "Soit on alimente la guerre entre les pêcheurs britanniques ou anglo-normands, et les pêcheurs normands et français et on va vers un système extrêmement conflictuel. Et nous, on a une rétorsion évidente, c'est l'interdiction de la débarque du poisson pêché par les pêcheurs britanniques" explique-t-il.

"Le poisson britannique, vous le garderez chez vous"

"Soit on considère que jusqu'au 31 décembre, il y a une discussion" entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, et "on fait tout pour apaiser les choses" poursuit-il. "Le modèle idéal est que vous accordiez des licences aux pêcheurs, on ne change rien, on ne touche à rien dans un premier temps et puis on verra bien ce que donnent les discussions européennes sur ce sujet-là."

Et de prévenir: "Les pêcheurs ne doivent pas être les cocus de l'accord entre l'Union européenne et le Royaume-Uni" insiste Hervé Morin. "Je me méfie car souvent les pêcheurs ont été abandonnés. L'union européenne ne doit pas sacrifier ses pêcheurs au profit du reste de l'accord."

"Si les Britanniques persistent dans l'idée que nos pêcheurs ne puissent plus aller dans les eaux territoriales britanniques, il y aura une rétorsion immédiate et évidente qui est de dire: le poisson britannique, vous le garderez chez vous" conclut-il.

Thomas Leroy