Assurance chômage : la balle est dans le camp des partenaires sociaux
Un seul objectif est clairement affiché dans cette lettre de cadrage : le montant des économies à réaliser. L’exécutif veut en effet bel et bien tailler dans les dépenses de l'assurance chômage et le montant est désormais écrit noir sur blanc dans la feuille de route : les partenaires sociaux vont devoir réaliser entre 1 et 1,3 milliard d'euros d'économies par an... soit près de 4 milliards d'euros au total d'ici la fin du quinquennat.
Pour l'exécutif, il en va de la protection des droits des chômeurs. « C'est en période de croissance qu'il convient de désendetter le régime, afin qu'il retrouve des marges de manoeuvre financières pour pouvoir jouer son rôle de protection en cas de crise », est-il écrit dans la lettre.
Un tour de vis sans précédent
« Une approche comptable », dénoncée par l’ensemble des organisations syndicales. Jean-Michel Pottier, le négociateur de la CPME dénonce « une réforme à l’envers où le gouvernement part d’un objectif financier pour reparamétrer les règles ». « Ces économies vont devoir être réalisées sur le dos des chômeurs », rétorque encore Michel Beaugas, le négociateur de FO. Les partenaires sociaux y voient, en effet, un piège : réaliser ces économies suppose, pour le patronat, d'accepter l'instauration d'un bonus-malus et pour les syndicats de salariés, de tailler dans les droits des chômeurs.
Aucune solution imposée
Conscient qu’il s’agit de deux lignes rouges infranchissables, le gouvernement se garde bien du coup de leur imposer les solutions. Seuls les grands principes sont évoqués. Dans cette lettre, le gouvernement n'exige pas par exemple l'instauration d'un bonus-malus mais demande aux partenaires sociaux de trouver une solution pour « responsabiliser les entreprises ». Il ne parle pas non plus de dégressivité mais leur demande de plancher sur des solutions pour inciter au retour à l'emploi.
L'objectif est clair : le gouvernement, qui compte bien s'appuyer sur les organisations syndicales pour faire passer des mesures délicates, espère ainsi convaincre les partenaires sociaux d’accepter la négociation.
A ce stade, la méthode visiblement fonctionne. Goeffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, juge ainsi que la lettre d’orientation est suffisamment ouverte pour accepter la négociation. Laurent Berger, le patron de la CFDT a également accepter d’y aller. Même si quelques organisations laissent encore planer le doute, une majorité semble d’ores et déjà acquise pour que la négociation soit lancée. Le gouvernement pourra donc bel et bien s’appuyer sur les organisations syndicales pour remettre à plat les règles de l’assurance chômage.