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À Venise, des publicités sur les façades des églises pour financer leur rénovation

Venise

Venise - GIUSEPPE CACACE / AFP

Alors que les deniers publics viennent à manquer, le patriarcat de Venise n'a eu d'autre choix que de faire appel aux fonds privés pour financer la rénovation des édifices religieux. Désormais, des panneaux publicitaires vont recouvrir les façades d'une cinquantaine d'églises.

La méthode est loin de faire l’unanimité. En manque de fonds publics, le patriarcat de Venise s’est résolu à faire appel aux dons privés pour rénover les églises de la ville. Abîmés par les effets de la salinité et du vent, plusieurs édifices religieux doivent en effet bénéficier de travaux pour un montant de plusieurs centaines de milliers d’euros chacun, voire quelques millions pour certains.

Les fonds publics étant quasiment épuisés et le montant récolté auprès des fidèles trop faible, "les possibilités de financement sont de plus en plus réduites", regrette don Gianmatteo Caputo, délégué du patriarcat de Venise pour le patrimoine culturel et ecclésiastique. D’où la nécessité de "faire appel à des particuliers". Au total, une cinquantaine d'églises ont loué leur façade comme espace publicitaire. Une décision qui a suscité la polémique dans la "Cité des Doges".

Mais l’Église dit ne pas avoir le choix et "le recours à des sponsors est prévu par le Code du patrimoine culturel. Bien sûr, à condition qu’il s’agisse d’une publicité respectueuse et décente", se défend Emanuela Carpani, surintendante du patrimoine architectural de Venise.

"Les églises ne peuvent pas être simultanément au service de Dieu et au service de l’argent"

Désormais, une bannière de banque recouvre la façade de l’église San Salvador. L’église San Geremia doit également subir des travaux en urgence. Le coût du chantier est estimé à 1,2 million d’euros. Le panneau publicitaire qui recouvra sa façade devra quant à lui rapporter 800.000 euros dans les trois ans, notent Les Échos.

Historien spécialisé dans l’art, Thomaso Montanari fait partie des opposants à la campagne publicitaire sur les églises. Selon lui, s’adresser aux annonceurs est une solution de facilité. Il estime que l’archidiocèse aurait dû commencer par un appel international pour recueillir des fonds. "Les églises ne peuvent pas être simultanément au service de Dieu et au service de l’argent", souligne-t-il.

Si cette méthode n’est pas nouvelle, c’est la première fois qu’elle est utilisée à Venise pour financer la rénovation des bâtiments religieux. Afin de rassurer ses opposants, une Commission sera chargée d’évaluer si les panneaux publicitaires respectent le Code du patrimoine en diffusant des messages décents. 

Paul Louis