A l’Elysée, une « réunion pour rien » avec les patrons de l’énergie

Mercredi, Emmanuel Macron a reçu une dizaine de grands patrons et cinq ministres pour parler de transition énergétique. La future loi de politique énergétique n’a même pas été abordée.

« Une réunion qui n’a servi à rien, sans objet et sans conclusion ». Ce patron du secteur de l’énergie est abasourdi par la réunion de trois heures à laquelle il a participé mercredi à l’Elysée.

Emmanuel Macron et son secrétaire général, Alexis Kohler, ont réunion cinq ministres Bruno Le Maire (Economie), Frédérique Vidal (recherche et innovation), François de Rugy, Emmanuelle Wargon et Brune Poirson (Ecologie) autour d’une vingtaine de patrons et directeurs d’administrations (Total, EDF, Engie, Orano, Schneider, Eiffage, Arkema, Air Liquide, RTE). Un panel assez exceptionnel pour traiter de la transition énergétique.

Emmanuel Macron a introduit cette réunion en mettant l’accent sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre, la facture énergétique de la France et la dépendance aux énergies fossiles. Mais ensuite, la réunion a été une « succession de poncifs et d’intérêt particulier sans logique » se plaint l’un des participants. Chacun semble y avoir été de son petit credo, sans cohérence.

A chacun son credo, sans cohérence

Le patron d’Air Liquide, Benoit Pottier, a évidemment vanté les mérites de l’hydrogène pour la mobilité quand celle d’Engie, Isabelle Kocher, préférait le biogaz, avant que le PDG de Total, Patrick Pouyanné ne tente d’élever le débat en précisant qu’un petit pays comme la France n’avait pas les moyens de développer deux réseaux et de miser sur deux technologies. Au mieux, les bus pourraient être alimentés à l’hydrogène et les véhicules des particuliers à l’électricité. Mais lui aussi plaidait pour sa paroisse alors que Total pousse les feux sur l’électricité.

De son côté, le PDG d’Arkéma, Thierry Le Hénaff, a rappelé que l’électricité produite par les énergies renouvelables était encore trop chère pour les industriels par rapport au prix bas du gaz. Quant au PDG d’EDF, Jean-Bernard Levy, il semble s’être cantonné à parler de recherche et développement alors que son groupe joue son avenir dans le nucléaire. « Le nucléaire n’a pas du tout été abordé, s’étonne un participant. Même la programmation pluriannuelle de l’énergie (2019-2028) n’a pas été traitée.

Aucun suivi à venir

« C’est quand même très étrange de réunir autant de patrons, de mobiliser le président de la République et plusieurs ministres pendant trois heures sans avancer sur les vrais enjeux énergétiques, s’agace un autre dirigeant. On a vraiment l’impression d’être venu pour faire une belle photo et que l’Elysée fera ses choix de politique énergétique dans son coin ».

Finalement, aucun groupe de travail thématique n’a été créé comme c’est souvent le cas pour ce type de réunion. Et il n’a pas été prévu de revoir les patrons. Une réunion pour la forme.