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"Donerflation": obsédés par le prix des kebabs, les Allemands réclament un plafonnement à Olaf Scholz

Les Allemands consomment en moyenne 1,3 milliard de döner kebab chaque année, soit près de quatre fois plus qu'en France.

Les Allemands consomment en moyenne 1,3 milliard de döner kebab chaque année, soit près de quatre fois plus qu'en France. - Pexels

L'extrême gauche allemande souhaite voter une loi qui plafonnerait le prix des kebabs dont le prix a presque doublé depuis deux ans. Plusieurs fois interpellé sur le sujet par des jeunes allemands, le chancelier Olaf Scholz exclut toute intervention étatique pour subventionner le sandwich le plus populaire du pays.

Le prix du döner kebab, grande cause nationale en Allemagne? Depuis plus d'un an, le prix du fameux sandwich à la viande d'origine turque tourne à l'obsession outre-Rhin.

"Quand est-ce que le kebab coûtera à nouveau 3 euros?", lisait ainsi en mars dernier sur Instagram le chancelier Olaf Scholz qui répondait aux questions d'internautes.

"Il est assez frappant que partout où je vais, principalement de la part des jeunes, on me demande s'il ne devrait pas y avoir un blocage des prix du donër", confiait Olaf Scholz.

Sur le compte officiel du gouvernement allemand, une infographie a même été postée en février 2023 pour expliquer pourquoi le prix du sandwich avait augmenté et ce que l'Etat faisait pour limiter l'inflation.

Un exercice de communication qui semble ne pas avoir convaincu puisque les questions sont toujours plus présentes. Vendus moins de 4 euros en moyenne il y a encore deux ans, les kebabs sont désormais proposés à 7 euros voire aux alentours de 10 euros dans certaines grandes villes.

Or le sandwich est une institution outre-Rhin, bien plus qu'en France. Les Allemands en consomment 1,3 milliard chaque année contre 350 millions chez nous. Les ventes de kebabs s'élèvent à plus de 7 milliards d'euros.

Il y a quelques jours, le parti d'extrême gauche d'opposition au gouvernement Die Linke s'est emparé du sujet et a annoncé qu'il allait déposer une proposition de loi pour mettre en place un plafonnement des prix du döner kebab. Le parti propose ainsi de limiter les prix à 4,90 euros et même 2,90 euros pour les jeunes. La différence entre le prix de vente actuel et le prix plafond serait subventionné par l'Etat pour un montant estimé par Die Linke à 4 milliards d'euros par an.

"Parlez-en à Poutine"

Même les écologistes allemands qui militent en général pour limiter la consommation de viande semblent préoccupés par le sujet.

"Pour les jeunes, c'est actuellement une question aussi importante que celle de savoir où ils déménageront lorsqu'ils quitteront la maison, a déclaré en février dernier au Parlement la députée des Verts Hanna Steinmueller. Je sais que ce n'est pas un problème quotidien pour beaucoup de gens ici et que c'est aussi quelque chose qui pourrait être ridiculisé, mais je pense qu'en tant que représentants des électeurs, nous sommes obligés de parler de ces sujets."

Interpellé par un jeune Allemand d'origine turque qui lui a réclamé de "parler à Poutine pour que le kebab revienne à 4 euros", Olaf Scholz a pour l'heure exclu tout plafonnement concernant ce plat. Le chancelier a rappelé qu'il était exclu dans une économie de marché de contrôler les prix de produits alimentaires. Le chef du gouvernement assure que c'est par la maîtrise de l'inflation dans l'énergie et l'alimentaire que les prix du kebab redeviendront indolores.

Sur les réseaux sociaux, des Allemands évoquent leur nostalgie pour l'époque d'Angela Merkel (mainte fois photographiée en train de découper de la viande) où les kebabs coûtaient encore 3 euros. Certains internautes réclament même le retour de "Mutti" pour juguler les prix.

L'ex-chancelière qui avait accentué la dépendance de l'Allemagne au gaz russe est pourtant jugée grandement responsable dans la flambée des prix outre-Rhin qui a fait suite à la guerre en Ukraine. Les Allemands ne sont peut-être pas si rancuniers.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco