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Digitalisation des TPE pendant la crise: un premier bilan mitigé

Depuis près de trente ans, Harvest s'emploie à accompagner ses clients que sont les banques, les compagnies d’assurance, ainsi que les CGP indépendants en leur apportant conseils et outils pour leur permettre de digitaliser leurs process.

Depuis près de trente ans, Harvest s'emploie à accompagner ses clients que sont les banques, les compagnies d’assurance, ainsi que les CGP indépendants en leur apportant conseils et outils pour leur permettre de digitaliser leurs process. - Pixabay

Une étude constate une accélération qui a été néanmoins perçue comme une contrainte... Pour un résultat qui reste encore faible.

Cela a été le leitmotiv du gouvernement pendant l'an passé: la digitalisation du petit commerce et des TPE afin de mettre en place de nouveaux canaux de vente afin de compenser les effets des confinements. Entre les aides et les outils d'accompagnement, l'objectif était d'accélérer ou du moins d'amorcer cette numérisation qui est très faible dans les petites entreprises et les commerçants: moins d'un tiers des petites structures disposant d'un site de e-commerce souvent par manque de temps et/ou de ressources.

"La crise sanitaire a confirmé la nécessité d’accélérer la numérisation des TPE pour accroître leur résilience. Le numérique a permis à certains commerçants de maintenir une activité pendant le confinement. Il s’agit aussi d’un enjeu structurel à plus long terme pour s’adapter aux nouveaux modes de consommation et à la concurrence des plateformes de commerce en ligne", expliquait alors le gouvernement.

Peut-on tirer un premier bilan? Selon une étude* de Mastercard, il est encore mitigé. "La crise a été, ou sera, le vecteur d’accélération de la digitalisation pour près d’une TPE française sur cinq: 15% des TPE qui ont au moins un équipement ou un projet d’équipement digital ont ainsi accéléré leur projet de digitalisation. 5% des TPE qui ont un projet mais qui n'ont pas encore entrepris de démarches déclarent aussi qu’elles vont accélérer dans le domaine", peut-on lire.

Un patron sur 5 voit la digitalisation comme une opportunité de revenus

Ces résultats sont néanmoins particulièrement hétérogènes si l’on considère les critères de taille et de secteur d’activité de l’entreprise, certaines d’entre elles étant significativement plus enclines à voir leurs projets digitaux s’accélérer depuis le début de la crise sanitaire.

C’est notamment le cas des TPE du secteur des services (19% ; +4 points par rapport à l'avant-crise), de celles implantées en Île-de-France (20% ; + 5 points) et surtout des plus grosses (28% de celles qui emploient 6 à 9 salariés, soit 13 points de plus que la moyenne) ont accéléré leur digitalisation durant la crise. A contrario, les plus petites TPE (employant 1 ou 2 salariés) ne sont que 11% dans ce cas.

Point inquiétant, cette digitalisation à marche forcée est perçue comme une contrainte. Plus des deux tiers des dirigeants de TPE interrogés font état d’un faible niveau d’enthousiasme quant à la digitalisation de leur structure. En effet, si pour 29% cela représente "plutôt une opportunité motivante", 67% l’appréhendent "plutôt comme un passage obligé", un chiffre qui atteint 72% dans le secteur de l’industrie.

Paradoxe

Il est assez dommageable de constater que seulement 32% des sondés considèrent la digitalisation comme l’opportunité "d'accroître leur notoriété et d’attirer de nouveaux clients" et 19% comme une opportunité d’augmentation du chiffre d’affaires. 51% des interrogés estiment même que la numérisation de leurs activités n'est pas nécessaire pour leurs entreprises...

Les autres raisons avancées sont le sentiment d’être déjà suffisamment équipé (32%), l’investissement trop important que cela représente en temps (27%), en argent (27%), ou encore en formation (12%) sont également cités.

"Ces chiffres mettent en avant l’enjeu primordial de la pédagogie et de la formation qui doivent être notre priorité à tous, institutions publiques et acteurs privés. Les atouts que représente la digitalisation doivent en effet devenir compréhensibles, concrets et l’adoption de ces outils être facilitée pour les TPE.", commente Solenne Marque, Director, Product Management chez Mastercard.

*: L’enquête a été menée auprès d’un échantillon raisonné de 400 dirigeants de TPE employant entre 1 et 9 salariés. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de taille d’entreprise, de secteur d’activité et de région d’implantation de l’entreprise. Les interviews ont été réalisées par téléphone du 7 décembre au 22 décembre 2020.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business