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Deux firmes britanniques vont payer des réparations à cause de leur liens passés avec l'esclavage

L'assureur Lloyds of London s'excuse officiellement pour "le rôle joué au 18e et 19e siècles dans le commerce des esclaves - une période horrifiante de l'histoire anglaise, et de la nôtre".

L'assureur Lloyds of London s'excuse officiellement pour "le rôle joué au 18e et 19e siècles dans le commerce des esclaves - une période horrifiante de l'histoire anglaise, et de la nôtre". - Ben Stansall-AFP

Le brasseur Greene King et l'assureur Lloyd's se sont engagés à payer des réparations à des organismes de soutien aux minorités ethniques. La révélation du rôle passé de certains de leurs fondateurs dans la traite et l'exploitation d'esclaves, explique ce geste inédit.

Quand le passé esclavagiste de certains de leurs fondateurs rattrapent certaines firmes britanniques de renom. Greene King à la fois chaîne de pubs et brasseur, et le célèbre assureur Lloyd’s, se sont engagé à payer des réparations en raison de liens historiques avec l'esclavage et la traite négrière, mis au jour par une banque de données de l'université, a rapporté le Daily Telegraph.

Les réparations seront versées au profit de communautés noires et minorités ethniques (l'acronyme anglais BAME, ndlr). Les décisions de Lloyds of London et Greene King interviennent après plusieurs semaines de manifestations à travers le monde après la mort de George Floyd, un homme noir qui n'était pas armé lors d'une interpellation par un policier blanc aux Etats-Unis, après une longue série d'incidents similaires.

"Il est inexcusable que l'un de nos fondateurs ait profité de l'esclave et milité contre son abolition au 19e siècle", a déclaré Nick Mackenzie, le directeur général de Greene King, au quotidien britannique, ajoutant que son groupe allait s'excuser formellement pour ses liens avec l'esclavage. De même, le site internet du groupe serait mis à jour dès jeudi pour reconnaître son passé esclavagiste.

Le fondateur de Green King avait été indemnisé en 1833

Greene King a été fondée en 1799 par Benjamin Greene, qui faisait partie des 47.000 personnes qui ont bénéficié d'une politique d'indemnisation des propriétaires d'esclaves lorsque la Grande-Bretagne a aboli l'esclavage en 1833. Il a reçu l'équivalent de 500.000 livres en argent d'aujourd'hui après avoir renoncé à sa revendication sur trois plantations des Antilles.

Greene King, qui compte environ 2700 établissements et a été rachetée l'été dernier par le milliardaire de Hong Kong Li Ka-Shing.

Lloyds s'excuse pour son rôle dans la traite d'esclaves

De son côté, l'assureur Lloyds, créé il y a plus de 330 ans, s'excuse pour "le rôle joué au 18e et 19e siècles dans le commerce des esclaves, une période horrifiante de l'histoire anglaise, et de la nôtre". L'assureur s'engage sur un "soutien financier aux organisations caritatives et aux organisations promouvant les opportunités et l’inclusion des groupes ethniques noirs et minoritaires".

Son passé dans l'histoire de l'esclavage est lié à Simon Fraser, un membre fondateur de Lloyd's, qui détenait au moins 162 esclaves et a reçu l'équivalent de près de 400 000 livres d'aujourd'hui pour la cession d'une plantation en République Dominicaine.

Début juin, des manifestants ont déboulonné la statue d'Edward Colston, un ancien marchand d'esclaves anglais à Bristol, au sud-ouest de l'Angleterre. Cet acte a été le point de départ d'une série de dégradations de statues de personnalités contestées en raison de leur implication dans le commerce triangulaire ou d'anciennes prises de position racistes - celle de Winston Churchill compris. Il a aussi lancé un débat dépassant les frontières du Royaume-Uni sur le bien-fondé du maintien de ces marques d'honneur dans l'espace public.

Frédéric Bergé