BFM Business
Economie

Défense: les Américains prennent de l'avance sur l'Europe en testant secrètement leur avion du futur

Les Américains auraient testé en secret un concurrent du Scaf européen

Les Américains auraient testé en secret un concurrent du Scaf européen - Jack Guez

La course aux avions et drones du futur entre les États-Unis et l'Europe s'intensifie. Les Américains auraient testé leur futur avion de combat et prépare un drone furtif et intelligent.

L'US Air Force vient de lâcher une petite bombe dont l'onde de choc atteint l'Europe. Le 15 septembre, lors de la conférence annuelle organisée par l’Air Force Association, Will Roper, secrétaire adjoint de la force aérienne américaine, a révélé que les États-Unis avaient commencé à tester le démonstrateur d’un nouveau système de combat aérien futuriste.

Conçu dans le cadre de la Next Generation Air Dominance (NGAD), cet avion semble être un concurrent du Scaf (Système de combat aérien du futur) que mettent au point la France et l'Allemagne pour 2026.

Ce cyber avion de combat est au coeur d'une constellation de drones. Il est destiné à remplacer les F-15 et les F-22A "Raptor" de l’US Air Force. Will Roper n'a pas dit s'il y aurait un pilote à bord ou s'il sera piloté à distance.

"Tout ce que je peux dire, c'est que les vols d'essai du NGAD ont été incroyables, des records ont été battus. J'ai été impressionné par la réussite de cette technologie numérique" a simplement indiqué le secrétaire de l'Air Force à Breaking Defense, sans dire non plus quand on eu lieu ces essais.

"Une question d'argent"

En parallèle de ses certitudes aéronautiques, Will Roper a néanmoins précisé que l'avancement de ce projet est une "une question d'argent". L'annonce de cet essai secret semble destiné à convaincre le Congrès que les Etats-Unis ont besoin de financement pour de cette transition numérique des avions de combat.

"Malgré l'existence d'un prototype, l'Armée de l'Air devra encore faire valoir qu'il est temps de passer à un nouveau chasseur alors que le F-35A n'a toujours pas atteint son plein régime", a déclaré Todd Harrison, directeur du projet de sécurité aérospatiale au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS).

Le SCAF doit remplacer en 2040 le Rafale et l'Eurofighter

En Europe, cet annonce n'a pas été commentée par la ministre française des Armées Florence Parly et son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer. En visite le 17 septembre sur le site Airbus allemand en Bavière, elles ont assisté à des présentations du futur système aérien de combat franco-allemand (SCAF), ainsi que du projet de drone européen Eurodrone.

Le SCAF doit remplacer à partir de 2040 le Rafale et l'Eurofighter. Après la signature d'un contrat de recherche de 150 millions d'euros auquel s'est associé l'Espagne, un demonstrateur du Scaf doit être préparé d'ici 2026. Mais son coût fait débat. Il serait 5 à 8 fois plus élevé que le programme Rafale, selon un rapport sénatorial présenté en juillet dernier.

"L’autonomie stratégique et industrielle de la France"

Quant à l'Eurodrone, la France espère signer un accord "avant la fin de l'année". Ce projet drone MALE (Medium altitude, long endurance), qui sera produit par Airbus, Dassault Aviation et Leonardo, réunit la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. L'europe souhaite ainsi s'affranchir de la dépendance vis-à-vis des drones Reaper américains.

Ces pays se sont fixés un objectif de budget de 7,1 milliards d'euros pour le développement et l'acquisition de 63 drones, soit 21 systèmes. "On est tout près" de cette cible budgétaire, a confié le cabinet de la ministre à l'AFP.

En février la Cour des Comptes épinglait le retard de projet qui a contraint la France à s'équiper en urgence auprès des Américains. Le rapport estime que cette décision comportait "des atteintes à l’autonomie stratégique et industrielle de la France". La situation au Sahel a en effet conduit à acheter des drones Reaper dont deux ont été "prélevé sur les chaînes de production dédiées à l’armée de l’air américaine et donc dans une version non dédiée à l’export".

Une aile volante et furtive en préparation

Mais là encore les États-Unis veulent conserver leur avance. Le constructeur du Reaper, General Atomics, prépare un nouveau modèle. Conçu sous la forme d'une aile volante, il aura une autonomie supérieure aux modèles actuels (une quarantaine d'heures), sera encore plus furtif et il sera piloté par une intelligence artificielle.

"Les futurs systèmes sans pilote doivent être capables de communiquer, partager des informations et collaborer entre eux et avec des humains de manière intuitive" a déclaré David Alexander, PDG de General Atomics, dans un entretien à Flight Global en annonçant qu'il pourrait être prêt dès 2030.
Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco