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Daniel Kretinsky envisage déjà de réduire la taille de Casino

Le repreneur du groupe de distribution négocie la possibilité de pouvoir revendre les hypermarchés qui souffrent. Il se concentrera sur Monoprix et Franprix.

Le repreneur du groupe de distribution négocie la possibilité de pouvoir revendre les hypermarchés qui souffrent. Il se concentrera sur Monoprix et Franprix. - JEFF PACHOUD © 2019 AFP

Le repreneur du groupe de distribution négocie la possibilité de pouvoir revendre les hypermarchés qui souffrent. Il se concentrera sur Monoprix et Franprix.

Le profil de Casino va changer avec Daniel Kretinsky. Le repreneur du groupe de distribution finalise ses accords avec le PDG, Jean-Charles Naouri, et ses avocats. Les deux camps prévoient de les signer fin septembre afin de solliciter auprès du Tribunal de commerce une procédure de sauvegarde accélérée un mois plus tard.

L’un des axes forts du projet de Daniel Kretinsky est son engagement à maintenir « l’intégrité des activités françaises », selon le groupe, alors que les activités en Amérique latine seront vendues. Mais déjà, leur contour fait débat notamment autour du maintien des hypers et supermarchés. « Ses conditions d’engagement seront assez souples car il sera obligé de vendre des hypers et des supermarchés » explique une source proche du repreneur. Leur chiffre d’affaires s’est effondré respectivement de 17% et 14% au deuxième trimestre.

Difficile de conserver ce foyer de pertes qui a fait plonger les marges de 80% en France. Mais chez Casino, on assure que le siège social de Saint-Etienne sera bel et bien maintenu. Mais l’on reconnait que « le périmètre peut bouger et qu’il n’est pas interdit de vendre des hypers, abonde une source proche du dossier. Mais il n’y a pas de plan caché de vente à la découpe ».

Il s'appuiera sur Monoprix et Franprix

Concrètement, Daniel Kretinsky et Jean-Charles Naouri discutent des seuils de chiffre d’affaires en dessous desquels des hypers ou supermarchés pourront être vendus. « Ils se donnent une marge de manœuvre au niveau du groupe sans avoir à demander l’accord des créanciers » nuance cette source. Les négociations sont suivies de près par les banques qui deviendront actionnaires et remettront en place des lignes de crédit. « Il s’agit de discussions techniques sur la flexibilité des ventes d’actifs », confirme sobrement un des plus importants créanciers du groupe.

Cette évolution est dans toutes les têtes. « Le ministère de l’Economie est au courant que le périmètre des hypers et supermarchés va bouger, explique un protagoniste des négociations. Il est surtout attentif au maintien du siège social ». Mais l’avenir semble clair. « Daniel Kretinsky s’appuiera sur Monoprix et Franprix » tranche un de ses partenaires. Une évidence pour tous les acteurs du dossier. Lors de la bataille pour la reprise de Casino, le trio concurrent Zouari-Niel-Pigasse affirmait aussi qu’il fallait se concentrer sur les deux enseignes phares du groupe.

Intermarché en embuscade

La réduction du périmètre a déjà commencé. Casino détient 77 hypermarchés et 474 supermarchés. Mais le 2 octobre, Intermarché va racheter 57 magasins dont dix hypermarchés. D’ici trois ans, une salve de 61 autres magasins, dont 4 hypermarchés, suivront. En réalité, le patron des Mousquetaires, Thierry Cotillard, a surtout récupéré une centaine de supermarchés qui souffrent moins que les hypers.

Il pourrait continuer ses emplettes chez Casino. Le marché de la grande distribution reste très concurrentiel, plombé par une inflation qui dure et un gouvernement qui maintient la pression pour la guerre des prix. L’avenir du groupe reste très incertain. « Casino ne pourra pas rester seul et devra, à terme, s’adosser » prédit un acteur du dossier.

Au printemps, la famille Mulliez avait proposé à Daniel Kretinsky de marier ses activités françaises Auchan France de celles de Casino. Carrefour n’a jamais caché regarder le dossier de près. Mais aujourd’hui, tous les acteurs misent sur Intermarché dont les relations avec Casino et l’homme d’affaires tchèque sont « très bonnes », selon plusieurs sources.

Kretinsky doute de l’avenir de CDiscount

Reste un point d’interrogation : CDiscount. Casino assure que les accords ne prévoient pas de vendre sa filiale de commerce en ligne. Un temps, Daniel Kretinsky avait imaginé la marier avec son rival Fnac Darty, dont il est le premier actionnaire avec 25% du capital. Mais il semble aujourd’hui plus prudent. « Il n’est plus intéressé par CDiscount » assure un de ses proches. « Lors des négociations en juillet, il n’avait pas d’avis tranché mais ne l’a jamais citée comme une activité cœur », ajoute un créancier.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business