BFM Business
Economie

Covid: les contraintes sanitaires imposées aux employeurs peuvent-elles nuire à la reprise?

Le port du masque au travail bientôt obligatoire?

Le port du masque au travail bientôt obligatoire? - Pexels

Alors que le gouvernement dévoile ce mardi un nouveau protocole sanitaire en entreprise, le patronat s'alarme des conséquences de mesures trop contraignantes sur la reprise économique.

Plus de 3000 nouveaux cas de coronavirus en France en 24 heures. Le week-end qui vient de passer a inquiété les autorités sanitaires avec un rebond des contaminations jamais vu depuis le déconfinement. Et alors que le pays assiste un inquiétant regain de la pandémie, c’est vers les employeurs que les regards sont tournées.

Alors que Santé Publique France a recensé 609 foyers actifs de contaminations depuis début août, près d’un quart (22%) se situent en entreprise. Le bureau, l'entrepôt, l'atelier ou l'usine sont désormais les lieux principaux de contamination devant les établissements de santé (16%), le milieu familial (14%) ou les rassemblements publics et privés comme les restaurants (8%).

Ce qui n'est pas illogique. Dans un open spaces, les gens se côtoient généralement 8 heures par jour, les gestes barrières ne sont pas toujours facilement applicables et dans les lieux clos et humides comme les abattoirs par exemple, le renouvellement de l’air favorise le brassage et l’exposition au virus.

Il faut donc s’attendre à un nouveau serrage de vis sur les mesures en entreprise. Le gouvernement qui ne veut surtout pas reconfiner appelle les employeurs à se ressaisir. De nouvelles mesures vont être présentées ce mardi aux partenaires sociaux dont on connaît déjà un peu la teneur: le port du masque rendu obligatoire ou fortement conseillé dans les salles de réunion et les espaces de circulation. Ou encore le télétravail qui restera à privilégier dans certains secteurs.

"Ne pas gripper la machine"

Des mesures qui font grincer des dents le patronat. "Le gouvernement marche sur des oeufs. D'un côté il doit communiquer, de l'autre il ne faut pas gripper la machine", explique François Asselin, le président de la CPME dans Les Echos. Même son de cloche au Medef qui craint que de nouvelles mesures viennent réactiver les inquiétudes des salariés et leur volonté de revenir au travail.

Or après le confinement, le danger qui plane est celui d'une croissance qui ne repartirait que mollement du fait de contraintes trop lourdes pesant sur les entreprises. La CPME estime ainsi que les dépenses obligatoires actuelles (masques, gels, parois en plexiglas, blouses…) coûtent déjà 100 euros par mois et par salarié. Or qui dit nouvelles mesures, dit plus de contrôles, plus de coûts et moins de moyens pour investir ou produire.

Par ailleurs de nombreuses entreprises, notamment à Paris et dans le Bouches-du-Rhône devraient à nouveau basculer en mode télétravail. Or travailler à plein temps à distance n’est pas sans conséquence sur la productivité. Une étude du cabinet Valoir estime qu’en moyenne le télétravail a un impact négatif de 1 à 3% selon les tâche à réaliser. Un impact relativement faible mais qui est peu propice à une remobilisation massive des salariés pour rattraper les chute colossale d’activité du début d’année.

D’ailleurs après un redémarrage en trombe, l’économie française a été moins vigoureuse en juillet. Les économistes ne croient désormais plus en une reprise en V mais en aile d’oiseau avec une remontée progressive puis un palier.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco