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Coronavirus: comment le Maroc a mobilisé son industrie pour produire 7 millions de masques par jour

Le Maroc a débloqué un budget de 6 milliards pour affronter la crise.  Les entreprises du pays produisent des masques jetables ou réutilisables et n'ont pas le droit de les exporter si elles bénéficient de subventions.

Le Maroc a débloqué un budget de 6 milliards pour affronter la crise. Les entreprises du pays produisent des masques jetables ou réutilisables et n'ont pas le droit de les exporter si elles bénéficient de subventions. - FADEL SENNA / AFP

Pour affronter la crise sanitaire et économique, le Maroc a débloqué une budget de 3,2 milliards d'euros, soit 2,6% de son PIB. Des dizaines d'entreprises produisent des masques jetables ou réutilisables pour les besoins du pays et même pour l'exportation. Les entreprises aéronautiques fabriquent désormais des respirateurs.

Depuis le démarrage de la crise du Covid-19, le Maroc est l'un des pays à ne pas faire trop parler de lui. Et pourtant, aujourd'hui, la stratégie qu'il a adoptée a valeur d'exemple. "Dans la gestion de crise, nous sommes des experts dans la prise de décision, c'est l'avantage de la monarchie", explique à BFMTV Abdelmalek Alaoui, président de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS).

Pour affronter la crise sanitaire et économique, le pays a, dès le début de l'épidémie au Maroc, en mars, créé un fonds covid de 3,2 milliards d'euros, soit 2,6% de son PIB. À cette somme, s'ajoute un budget de 3 milliards d'euros provenant de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), mise à sa disposition par le FMI. Cette somme est remboursable sur une période de cinq ans, avec une période de grâce de trois ans.

Des masques vendus 7 centimes d'euros l'unité

En quinze jours, trois hôpitaux de campagne ont été déployés par l'armée portant le nombre de lits de réanimation de 1500 à 4000. Dès le 16 mars, les Marocains ont été confinés et ne peuvent sortir que munis d'un masque.

Ce samedi 25 avril, les chiffres officiels annoncent 3758 cas de Covid-19 et 158 décès. "L'utilisation de la chloroquine a été rendue possible en 24 heures", indique Abdelmalek Alaoui.

Pour équiper les 35 millions d'habitants, l'industrie et l'artisanat s'est mise sur le pied de guerre. Dix-sept usines fabriquent désormais des masques chirurgicaux certifiés. Ils sont vendus dans les pharmacies, les petits magasins et la grande distribution à un tarif imposé de 7 centimes d'euros l'unité soit moins de 1 euro le paquet de dix.

"En mars, nous en avons fabriqué 82 millions qui constituent un stock stratégique. Nous en fabriquons désormais 7 millions par jour et nous serons à 10 millions la semaine prochaine", nous a assuré Abdelmalek Alaoui en précisant que les masques subventionnés sont interdits à l'export.

Ces usines étaient auparavant spécialisées dans la fabrication de sacs plastiques. "La transition écologique décidée en 2016 lors de la COP22 nous a finalement permis de lancer cette production", explique le président du think tank basé à Rabat.

Le déconfinement après le ramadan

Seuls les masques réutilisables en tissu pourront être exportés à hauteur de 50% de la production. "Une vingtaine d'entreprises en fabriquent un million par jour", précise Abdelmalek Alaoui.

Le Maroc a également demandé aux entreprises de l'aéronautique de produire des respirateurs. En quinze jours, un modèle non-invasif, destinés aux urgences, a été créé. Un modèle invasif, destiné à intuber les personnes en grande détresse respiratoire, a également été mis au point. Le Maroc compte en produire un millier.

Comme partout ailleurs, le pays prépare son déconfinement qui ne démarrera pas avant la fin du ramadan, le 22 mai. "Il est important de patienter jusqu'à la fin de cette fête sociale pour ne pas créer une nouvelle vague de contamination", signale le président de l'Imis qui reste inquiet pour l'industrie du tourisme, l'une des principales économies du pays.

"Le secteur est fermé depuis mars, et on ne pense pas voir beaucoup d'étrangers ni même les Marocains de l'étranger venir passer l'été au Maroc, mais les touristes marocains devront aussi rester dans le pays. Ils dépensent habituellement 2,5 milliards d'euros à l'étranger qu'ils dépenseront ici cette année", espère Abdelmalek Alaoui.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco