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VIDEO - Vous l'ignoriez sans doute, mais ces marques sont bien françaises

VIDEO - On les croit italiennes, américaines, grecques, mexicaines ou encore belges et pourtant ces grandes marques bien connues sont en fait toutes... françaises.

Vous portez un costume Cerruti, des chaussures Weston et sirotez une "Despé" au bar? Si c'est le cas, il y a de fortes chances que vous soyez français. Car ces marques n'ont rien d'italien, d'anglais ou de mexicain. Elles sont 100% françaises. Parfois créées par un étranger exilé en France comme Bugatti. D'autres fois nommées ainsi pour des raisons marketing afin de donner un côté exotique au produit (la bière Desperados). Petit tour d'horizon de ces marques bien françaises qui passent pour étrangères.

Salakis, le fromage "grec" fabriqué en Lozère

Fromage
Fromage © Salakis

Un logo bleu ciel et blanc (les couleurs du drapeau grec), un nom qui se termine en "is" comme souvent les noms grecs et pendant longtemps l'utilisation du terme feta pour ses fromages frais de brebis (appellation réservée aux producteurs grecs depuis 2006). Sauf que Salakis n'a strictement rien de grec. C'est une marque créée par la laiterie Massegros en Lozère (initialement créée en Corse et rapatriée sur le continent au début du 20ème siècle) qui appartient au géant Lactalis depuis 1992. Le but de la marque était évidemment de surfer sur la mode de la feta que les Français ont principalement découvert dans les années 80. Mais le succès a depuis dépassé ce simple effet de mode. La laiterie Massegros est devenue la première au monde pour la production de fromage au lait de brebis. Et le groupe numéro 1 en France est aussi un champion de l'export avec 12.400 tonnes de fromage vendus en Europe, 1700 aux Etats-Unis et plus de 1000 au Moyen-Orient.

Cerruti, la griffe "italienne" de Paris

Cerruti
Cerruti © Cerruti

Quand on pense mode italienne, c'est évidemment Prada, Armani, Versace ou Cerruti qui vient à l'esprit. Et si c'est juste pour les trois premières, la dernière est pourtant française. La maison Cerruti est basé place de la Madeleine au coeur de la capitale. C'est à cette adresse que Nino Cerruti l'a crééé en 1967. Né en 1930 dans le Piémont, cet Italien arrête ses études dans les années 1950 pour reprendre l'usine familiale de tissus créée en 1881 par son grand-père (d'où plus tard la marque et le parfum 1881). Il ouvre quelques boutiques en Italie sous le nom Hitman mais désireux de se lancer dans la haute couture pour homme, il part ouvrir sa maison à Paris épicentre de la mode à l'époque avec Christian Dior et Yves Saint-Laurent. Bien que racheté en 2010 par le distributeur chinois Trinity Limited, la marque qui vient de fêter ses 50 ans a toujours son siège la place de la Madeleine.

Hollywood, le moins américain des chewing-gum

chewing-gum
chewing-gum © Hollywood

Ne cherchez pas de chewing-gum Hollywood si vous allez aux Etats-Unis. La marque y est totalement inconnue. Et d'ailleurs elle est introuvable à peu près partout dans le monde sauf en France où elle a été créée en 1952 et où les confiseries y sont toujours produites dans la Vienne à Saint-Genest-d'Ambière. Une marque 100% française mais tout de même créée par un Américain. Ancien GI qui avait participé au débarquement en Normandie, Courtland E. Parfet veut surfer sur la vague des produits américains que les Français plébiscitent au sortir de la guerre. Il s'installe donc en France et crée une marque de chewing-gum. Il lui donne le nom le plus américain possible. Sa gomme à mâcher rencontre vite le succès mais dans les années 70 avec son slogan "Fraîcheur de Vivre" que les ventes explosent vraiment. Aujourd'hui numéro 1 du chewing-gum en France, Hollywood appartient par le jeu des rachats d'entreprises au géant américain Mondelez. Mais la fabrication est toujours française de même que les 180 salariés de l'usine Comptoir européen de la Confiserie qui produisent le chewing-gum.

Despardos, la bière "caliente" venue d'Alsace

Desperados
Desperados © Desperados

De la bière à l'arôme de tequila au nom indubitablement hispanique. La Desperados (ou "Despé comme l'appellent ses amateurs) a tout de la bière mexicaine. Et pourtant, c'est en Alsace qu'est née la bière préférée des jeunes en soirée. C'est l'ancienne brasserie Fischer basée à Schiltigheim dans le Bas-Rhin qui en 1995 a l'idée pour cibler le public jeune d'ajouter un arôme de tequila à une banale bière blonde. Le résultat est une boisson plutôt douce et pas chère que les consommateurs plébiscitent en soirée. Rachetée en 1996 par Heineken, la brasserie Fischer ferme en 2009 mais le groupe danois conserve les marques et continue à produire la Desperados dans le Bas-Rhin et aussi dans le Nord. Un succès franco-français qui peine en revanche à décoller à l'export. La Despé s'est retirée du marché américain en 2015 qu'elle avait tenté, en vain, de conquérir.

Le jambon Aoste ne vient pas du val d'Aoste

jambon
jambon © Aoste

Attention, ne dites pas jambon d'Aoste mais jambon Aoste. Le premier est italien et vient du val d'Aoste, le second est une marque française que beaucoup croient italienne. Mais il n'y a pas d'usurpation de nom puisque la marque Aoste vient d'un village de l'Isère qui s'appelle... Aoste. Malin! Créée en 1976 par Michel Reybier, un entrepreneur qui a débuté dans la grande distribution, le groupe Aoste devient rapidement le numéro de la charcuterie en France grâce à son approche industrielle et son sens du marketing. De Justin ­Bridou à Cochonou en passant donc par Aoste, le groupe dispose d'un porte-feuille de marques connues de tous les Français. Revendu en 1996 au groupe Sara Lee par son fondateur, Aoste appartient aujourd'hui l'espagnol Campofrío Food Group, lui-même détenu par le mexicain Sigma. Mais son jambon est toujours produit en Isère.

Oxbow, la marque "surfwear" de la côte ouest française

Oxbow
Oxbow © Oxbow

Les lycéens des années 90 s'en souviennent. Il y avait ceux qui portaient du Quicksilver et d'autres qui portaient du Oxbow. Les deux marques stars de surfwear étaient à peu près les seules sur leur créneau à l'époque. Mais si la première est logiquement originaire de Californie, la seconde vient elle de la côte ouest... de la France. C'est en Normandie en effet que la styliste Isabelle Cachot et le passionné de glisse Fabrice Valéri fondent la marque Oxbow en 1985. Oxbow, qui signifie "méandre" en anglais, rappelle l'idée de mouvement constant et de sillage que l'on retrouve dans les sports de glisse. La société déménage rapidement dans le bordelais à Mérignac. Très avant-gardiste, la marque joue la carte décalée en apposant notamment son logo sur l'épaule. Rachetée en 2005 par le français Lafuma, la marque a perdu un peu de sa superbe depuis quelques années et tentent de se relancer mais loin du surf.

J.M. Weston, la chaussure "smart" de Limoges

Weston
Weston © J.M. Weston

Les J.M. Weston, symbole du chic anglais? Perdu, la marque est typiquement française et vient de Limoges. C'est en 1891 qu'Édouard Blanchard, bottier, crée son atelier de confection de chaussure. Très vite rejoint par son fils Eugène dont le regard se porte aux Etats-Unis. Il se rend ainsi en 1904 dans la ville de Weston dans le Massachusetts où il apprend la technique du montage dit Goodyear qui permet de réaliser des chaussures plus résistantes à l'usure et aux intempéries. En 1922, Eugène Blanchard qui a hérité de la société de son père décide de renommer la fabrique J.M. Weston, communément appelée Weston aujourd'hui et de l'orienter sur le haut de gamme. Marque symbole du luxe français, Weston, qui est toujours à Limoges, fournit les bottes de la gendarmerie nationale (1800 paires par an) et chausse les grandes pointures politique du pays comme Nicolas Sarkozy, Laurent Fabius, Jacques Chirac ou encore François Mitterrand qui possédaient 30 paires de mocassins Weston.

Bugatti, le mythe automobile alsacien

Bugatti
Bugatti © Bugatti

Ni italienne, ni allemande, ni américaine. Non, la plus extravagante marque de voiture de sport au monde est bien française et s'appelle Bugatti. Sa dernière supercar, la Chiron est capable d'atteindre la vitesse faramineuse de 420 km/h. Le tout pour la modique somme de 2,4 millions d'euros.

Et c'est en Alsace à Molsheim (Bas-Rhin) que sont conçues et assemblés à la main ces bijoux de haute technologie automobile. Créée en 1909 par Ettore Bugatti, un Italien naturalisé français passionné de mécanique et de chevaux, la marque deviendra mythique en remportant de nombreuses courses automobiles avant de sombrer au sortir de la seconde guerre mondiale. Revendue en 1963 au groupe espagnol Hispano-Suiza puis relancée en 1987 par un entrepreneur, la marque ne renaîtra réellement de ses cendres qu'en 1998. Cette année-là, Ferdinand Piëch, le patron de Volkswagen de l'époque, rachète les droits de la marque et recrée une société Bugatti dans son berceau original à Molsheim.

Jeff de Bruges, le chocolat de Seine-et-Marne

chocolat
chocolat © Jeff de Bruges

Même Arnaud Montebourg s'y est cassé les dents. En 2013 à la radio, le ministre chantre du "made in France" regrette en souriant que RTL n'offre pas de chocolats français à ses auditeurs plutôt que des Jeff de Bruges. Et pourtant, la fameuse marque de chocolat est bien hexagonale. Son siège est situé à Ferrières-en-Brie (Seine-et-Marne) où elle emploie une centaine de salariés sans compter les centaines de boutiques en succursale ou en franchise partout en France. Son fondateur, Philippe Jambon, a créé cette marque en 1986. Pourquoi l'avoir baptisé Jeff de Bruges? Pour Jef, une chanson du chanteur belge Jacques Brel et pour la ville de Bruges, symbole du savoir faire chocolatier belge. Mais si la société est française, les ateliers de production sont tout de même situés en Belgique et ce depuis l'origine de la société.

Kickers, la bottine de Cholet

Kickers
Kickers © Kickers

Dans la chaussure, mieux vaut avoir un nom qui sonne anglo-saxon. Après Weston, voici donc Kickers, une marque elle aussi purement franco-française. Déjà dans la chaussure, Daniel Raufast a l'idée d'une chaussure qui ressemblerait à un jeans. C'est en voyant une affiche pour la comédie musicale Hair avec tous les chanteurs en jeans et pieds nus qu'il a l'illumination. Il va concevoir la chaussure de cette génération. Il conçoit une bottine avec des rivets qui feront office d'oeillets pour les lacets, une étiquette rouge de type Levi's sur le côté et une surpiqûre apparente. 
Basée sur le mot anglais kick (donner un coup de pied) et ker (pour la consonance américaine), auquel s’ajoutera un "s" pour marquer la similitude avec le mot jeans, l'entreprise Kickers a démarré en 1970 et a explosé dans les années 80 et 90 avec les stars de la pop anglaise qui ont massivement adopté la marque. Aujourd'hui ce sont les parents qui raffolent de la marque pour leurs enfants.

Columbus Café, le "Starbucks" bien de chez nous

Columbus Café
Columbus Café © Columbus Café

Un nom qui rappelle Christophe Colomb, un logo avec une grosse tête d'ours. Columbus a des airs de coffee-shop américain, sorte de petit frère Starbucks. C'est plutôt un petit cousin français. Car c'est à Paris que deux entrepreneurs, Philippe Bloch et Ralph Hababou, crée cette première chaîne de cafés en 1994. Séduits à l'époque par la jeune chaîne prometteuse Starbucks qui ne compte alors que 200 cafés aux Etats-Unis (contre 14.000 aujourd'hui!), ils décident de lancer eux-mêmes leur propre concept pour occuper le terrain avant l'arrivée du futur géant américain. La chaîne rencontre un franc succès malgré ses petits moyens mais l'arrivée de Starbucks en France en 2004 met un coup à son expansion qui a néanmoins repris depuis quelques années avec l'implantation dans les gares, les aéroports, les aires d'autoroutes.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco