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Vacances: les Français prudents dans leurs dépenses fréquentent moins les restaurants

Pour contenir leurs dépenses durant l’été, dans un contexte d’inflation, les vacanciers partent moins loin ou moins longtemps et limitent les repas au restaurant.

L’inflation a encore atteint 4,5% sur un an au mois de juin. Pour faire face à la hausse des prix, les Français n’hésitent pas à effectuer des arbitrages, jusque sur leur lieu de villégiature. "Les supermarchés des zones touristiques font le plein, alors que le nombre de couverts apparaît en légère baisse dans les restaurants", assure Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme. "Les vacanciers tendent aussi à confectionner eux-mêmes leurs sandwichs, au détriment de la vente à emporter", ajoute-t-il.

Des comportements qui s’opposent à la tendance observée depuis deux ans. Depuis la fin de la crise sanitaire, synonyme de confinement et de restrictions des libertés individuelles, “il y a un rattrapage des plaisirs”, explique Bernard Boutboul, président de Gira Conseil, un cabinet spécialisé dans la restauration. Les Français préfèrent réduire leurs dépenses liées aux courses alimentaires pour s’accorder des moments entre amis ou en famille au restaurant, avec des repas un peu plus longs, plus souvent agrémentés d’un verre de vin ou d’un dessert.

Mais pendant les vacances d’été, ce phénomène semble s'essouffler. Et les Français se montrent moins gourmands au restaurant. Si le secteur de la restauration s’affiche toujours en croissance, c’est notamment lié à une augmentation des prix des plats et des menus, moins à une hausse de la fréquentation des établissements.

Fortes disparités du budget vacances d’un ménage à un autre

D’ailleurs, si les ménages redoublent de vigilance sur les prix et sélectionnent plus leurs achats, leur budget ne diminue pas pour autant. Seuls 24% des vacanciers prévoient une réduction globale de leurs dépenses cet été, selon Protourisme. Et le budget moyen ressort en hausse de 200 euros, en raison non pas d’un plus grand nombre d’activités pratiquées mais essentiellement de l’inflation.

Les ménages qui ont l’intention de partir anticipent un budget moyen de 1656 euros pour leur foyer, soit environ 682 euros par personne, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié le 13 juillet. Avec de grandes disparités selon le niveau de vie: ceux en capacité d’économiser de l’argent prévoient une enveloppe de 2430 euros, contre 1225 euros seulement pour ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois.

Partir moins loin, moins longtemps

L’inflation a de multiples conséquences sur les vacances. Selon cette même enquête, 64% des Français qui comptent partir estiment que la hausse des prix a un impact sur les activités prévues, ainsi que le lieu et la durée de leur séjour, ou encore le type de logement choisi.

“Les Français font des arbitrages et décident d’aller moins loin ou de se réorienter vers une destination moins chère”, relève Didier Arino. La Corse serait ainsi moins prisée cette année: les réservations enregistrées par les hôtels, résidences et campings pour juillet- août sur l’île de Beauté sont en baisse de 20%, selon Protourisme.

Des vacanciers ont aussi évité le cœur de l’été, plus cher, pour partir les deux premières semaines de juillet ou en septembre, alors que les prix des hébergements ont flambé depuis deux ans, “de 14% à 25% selon les opérateurs pendant la saison estivale”, avance Didier Arino.

Certains ont enfin dû se résoudre à partir moins longtemps. “Deux millions de Français ont même transformé leurs vacances en court séjour, de moins de quatre jours”, précise l’expert en tourisme. La maison d’un ami ou la résidence secondaire des parents constituent alors souvent une solution de repli, pour parvenir malgré tout à changer d’air pendant l’été.

Thomas Chenel