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Taxe Gafa : le patron français d’Amazon la juge dangereuse pour l'économie

Ppouor le patron d'Amazon France, la taxe Gafa risque d'"affecter la compétitivité des dizaines de milliers des entreprises qui utilisent cette Marketplace pour vendre en France et exporter"

Ppouor le patron d'Amazon France, la taxe Gafa risque d'"affecter la compétitivité des dizaines de milliers des entreprises qui utilisent cette Marketplace pour vendre en France et exporter" - Guillaume Souvant - AFP

Le patron d'Amazon France estime que la taxe Gafa va surtout pénaliser les 10.000 entreprises PME françaises qui vendent leurs produits via sa plateforme. Il évoque aussi des répercussions sur l'emploi et l'export.

Frédéric Duval est un professionnel de la vente en ligne, mais aussi de la communication. Invité sur RTL pour commenter une actualité qui touche directement son activité, le dirigeant est resté souriant et détendu pour évoquer la taxe Gafa que le gouvernement français veut appliquer dès janvier 2019. Cette taxe "devrait rapporter en année pleine 500 millions d'euros", a promis mercredi Bruno Le Maire lors d'une audition au Sénat sans détailler son mécanisme.

Frédéric Duval a clairement mis en garde le gouvernement en général et Bercy en particulier des effets néfastes de cette mesure sur l’économie française.

"On taxe le chiffre d’affaires et non pas le profit, je pense que c’est dangereux. [...] On va affecter la compétitivité des dizaines de milliers des entreprises qui utilisent [Amazon] pour vendre en France et exporter", signale le dirigeant.

"La France est en retard en matière de digitalisation des petites entreprises", affirme Frédéric Duval en comparant l'activité française avec celle de l’Allemagne. "Quand mon homologue allemand parle de la marketplace Amazon allemande, il parle de 70.000 entreprises allemandes et ces entreprises exportent environ 2,1 milliard d’euros". La France, c’est "10.000 entreprises, donc 7 fois moins et environ 250 millions d’euros, soit presque 10 fois moins".

Le retard technologique des entreprises françaises

Le patron d’Amazon France s’appuie aussi sur des chiffres du Conseil national du numérique (CNNum) selon lesquels seulement 16% des TPE/PME françaises vendent en ligne. "Ca place la France au 13ème rang européen". Quels seront les effets sur Amazon? "Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de ce projet. On se positionnera quand il sera finalisé". Il ne dévoilera pas non plus le chiffre d’affaires d’Amazon France, mais détaillera l'effet Amazon sur l'économie française.

Installée en France depuis 2000, la filiale française, qui revendique 27 à 28 millions de visiteurs uniques chaque mois, a créé 7500 CDI en France et emploie 7500 saisonniers pour les fêtes de fin d’année. A cela, s’ajoute 10.000 emplois dans les marketplaces qui vendent sur la plateforme. "La construction d’Amazon commence à faire pas mal d’emplois", rétorque le dirigeant.

Pour l’année 2017, Amazon France a déclaré un chiffre d'affaires de 380 millions d'euros grâce à un dispositif d'optimisation fiscal basée sur six succursales de sociétés luxembourgeoises installées en France. Pour la même période, son concurrent français, Cdiscount a déclaré 2,122 milliards d’euros en 2017, en hausse de 9,3 % par rapport à l’exercice 2016.

pas d'effet dopant des gilets jaunes, ni de prime exceptionnelle pour les salariés

Interrogé sur un éventuel effet dopant du mouvement des gilets jaunes sur le commerce en ligne, Frédéric Duval réfute. "Il n’y pas eu d’effets dopant, d’accélération de croissance, ni de bulle d’activité", affirme le dirigeant qui évoque plutôt des problèmes logistiques. "Nous en avons tenu compte pour respecter la promesse faite à nos clients".

Amazon France versera-t-elle à ses salariés une prime exceptionnelle? "Je n’ai pas d’annonce à faire en la matière", répond son patron en ajoutant "que l’entreprise Amazon n’est profitable que depuis quelques années et que le pourcentage de profitabilité est très faible. Rien à voir avec les autres Gafa. Nous investissons beaucoup pour développer et embaucher et nous réinvestissons beaucoup nos marges dans des activités qui sont consommatrices de cash".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco