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Streaming vidéo: 8,3 millions d'utilisateurs quotidiens en France, un budget de 15 euros par mois

Disney a décidé de rompre son partenariat avec Netflix afin de privilégier sa propre plateforme de streaming. (image d'illustration)

Disney a décidé de rompre son partenariat avec Netflix afin de privilégier sa propre plateforme de streaming. (image d'illustration) - Johnathan Nackstrand - AFP

Selon une étude conjointe du CSA et de la Hadopi, le nombre d'abonnés à un service payant de vidéo à la demande a presque doublé en un an. L'américain Netflix continue à écraser le marché.

Confinements répétés et renforcement de l'offre ont donné des ailes au streaming vidéo par abonnement en France l'an passé. Selon une étude menée conjointement par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) et la Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet), pas moins de 8,3 millions de personnes s'adonnent quotidiennement à ce loisir (à fin 2020).

C'est presque deux fois plus qu'en 2019 où la même étude comptabilisait 4,5 millions d'utilisateurs. "En seulement quelques années, la VàDA (vidéo à la demande par abonnement, NDLR) s’est imposée comme un mode d’accès privilégié aux contenus audiovisuels, notamment auprès des jeunes. Au printemps 2020, près d’un internaute français sur deux avait accès à un service de VàDA au sein de son foyer (46%)", peut-on lire.

"Ce développement se matérialise aujourd’hui par le recrutement de nouveaux profils de consommateurs. Si les plus jeunes ont été moteurs de l’adoption des pratiques de VàDA et représentaient une très large majorité de l’audience de ces services fin 2019 (60 % des utilisateurs étaient âgés de moins de 35 ans), les personnes âgées de 50 ans et plus représentent aujourd’hui un segment de marché non négligeable (31 %)", peut-on lire.

Les plus de 50 ans plus nombreux et enclins à payer plus

Si Netflix a été un catalyseur, "la progression des usages se poursuit sous l’effet de l’apparition de nouvelles offres (Disney+, Apple TV+), et le marché se structure autour de quelques acteurs internationaux ayant renforcé leurs investissements dans la production locale", souligne le rapport. Le nombre de services disponibles est en effet passé de 63 en 2017 à 78 en 2020.

Cela se traduit par une proportion plus importante de foyers disposant de deux abonnements à un service de streaming (la moyenne est désormais de 2,1 services) ou qui changent fréquemment de fournisseurs grâce à la possibilité de se désabonner facilement (aucune période d'engagement n'est demandée).

Ainsi, le budget moyen des foyers est désormais de 15,20 euros par mois mais les dépenses varient fortement en fonction de l'âge: 14,70 euros par mois pour les 15-24 ans, 16,10 euros chez les 35-49 ans et à 19,90 euros chez les abonnés de 50 ans et plus.

68% de parts de marché pour Netflix

Malgré la diversification de l'offre, Netflix continue à écraser le marché avec une part de 68% devant les services de Canal+ (12%), Prime Video d'Amazon (11%) et Disney+ (5%).

Ce sont bien les séries qui captent la grande majorité de la consommation (63%) devant les films (29%) et l'animation (5%).

Cet engouement constitue évidemment un jackpot pour les leaders du secteur. Le chiffre d'affaires des plateformes a été multiplié par dix depuis 2015 pour atteindre 851 millions d'euros en 2019, selon des données du Centre national du cinéma (CNC), et dépasserait "1,2 milliard d'euros en 2020". Il reste toutefois nettement inférieur au chiffre d’affaires de la télévision payante, qui s’élevait à 2,9 milliards d’euros en 2018.

Ce nouveau secteur pousse les acteurs historiques à revoir leurs stratégies (lancement de Salto, modèle d’agrégation du groupe Canal Plus, partenariats ponctuels avec certains de ces acteurs mondiaux). Reste à savoir s'ils n'arrivent pas trop tard.

Malgré son succès, l'offre légale a du mal à contenir le piratage

"Les usages illicites demeurent considérables, malgré une tendance globale à la baisse entamée depuis quelques années, toutefois freinée par le premier confinement du printemps 2020", souligne l'étude.

15% des internautes de 15 ans et plus déclarent avoir des usages illicites, soit un peu moins d’un tiers (29%) des consommateurs de films en ligne.

Paradoxalement, ces usages sont particulièrement élevés auprès des abonnés à une offre de VàDA, "qui recherchent des pratiques alternatives pour accéder à l’offre la plus large possible sans multiplier les abonnements payants". On avait observé une tendance similaire avec la musique: les grands consommateurs de musique légale étaient aussi ceux qui pirataient le plus.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business