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Sprite, 7Up, Lipton Ice Tea... Pourquoi ces sodas contiennent soudainement moins de sucre

Ces derniers mois, les fabricants de sodas ont changé plus ou moins discrètement la recette pour la France de la version classique de leurs boissons. Objectif: baisser la teneur en sucre pour réduire l'impact financier de la nouvelle taxe soda entrée en application le 1er juillet dernier.

Sprite, 7Up, Ice Tea, ou encore Breizh Cola. Les sodas sont en train de procéder à une cure de sucre parfois drastique. Leurs fabricants ont tous, plus ou moins discrètement, changé de recette ces derniers mois pour faire baisser le niveau de glucose de leurs breuvages. Preuve que la nouvelle taxe soda entrée en application ce 1er juillet est extrêmement efficace pour les inciter à en utiliser toujours moins.

Dans sa précédente version, instaurée il y a cinq ans, la taxe coûtait aux fabricants environ 8 centimes le litre. Désormais, son taux augmente en proportion du sucre ajouté. Ainsi, elle se limite à 3 centimes par litre pour un produit contenant moins de 10 grammes de sucre par litre, comme le Volvic Zest Citron, quand pour du Coca Cola Classic (et ses 106 grammes de sucre par litre) elle s'élèvera à 15,5 centimes par litre. 

Le sucre joue sur le goût et la texture

Chez Breizh Cola, le concurrent breton de l'iconique Coca, la bouteille de 1 litre compte désormais 12 grammes de sucre en moins, l'équivalent de deux morceaux de sucre supprimés dans chaque bouteille. Une nouvelle formule, sans édulcorant, adoptée pour subir le moins possible cette nouvelle fiscalité, admet sans ambages Stéphane Kerdodé, le président de Phare Ouest, qui produit le cola celtique. Cette baisse devrait lui permettre de faire une "économie" sur la taxe d'environ 2 centimes par bouteille de 1,5 litre. 

"Cette réduction ne change pas le goût pour le consommateur, assure le fabricant, mais si on passait des 94 grammes de sucre actuels par litre à 70 grammes, le Breizh Cola n'aurait plus du tout le même goût", précise-t-il. Et il n'aurait plus la même texture.

Nombre de morceaux de sucre dans une canette: 

infographie sucre
infographie sucre © -

Des erreurs d'affichage chez les distributeurs

"Le sucre donne de la rondeur en bouche, un côté sirupeux, moins aqueux", explique le laboratoire Praxens, qui élabore des recettes de boissons pour les industriels. Ainsi Lipton a dû ajouter un dérivé de la stévia, un substitut au sucre sans calorie, et des texturants à son Ice Tea pêche, pour baisser drastiquement de 70 à 45 grammes de sucre le litre de thé glacé. 

Même écho chez Coca Cola Company, qui a lancé en mai dernier son nouveau Sprite original, bien moins sucré que l'ancien, officiellement afin de "suivre la réglementation locale". Le taux de sucre du produit est passé de 66 grammes par litre à 20 grammes grâce à l'ajout d'aspartame. En France, cette présence d'édulcorants est obligatoirement mentionnée sur les étiquettes. Et la taxe sodas s'applique aussi, dans une moindre mesure, aux édulcorants présents dans les boissons.

Les industriels changent leur recette, mais écoulent tout de même les stocks. il est donc possible que vous trouviez encore en rayon des sodas de l'ancienne recette, comme des bouteilles de Sprite original, affichant l'"ancien" taux de sucre de 66 grammes par litre.

De plus, si vous faites vos courses en ligne, les distributeurs sont encore loin d'être à la page. Le 7Up passe de 113 grammes de sucre le litre sur le site de Monoprix, à seulement 70 grammes chez Leclerc ou Carrefour. PepsiCo, la maison-mère de 7Up, évoque "une erreur d'affichage" lié à un changement de recette intervenu début 2017 selon nos informations. "Certains distributeurs ont sans doute omis de mettre à jour leurs données", affirme le porte-parole de Pepsi.

Des taux de sucre différents selon les pays

Mais les changements de recettes ne sont peut-être pas la seule explication à ces taux de sucre qui varient d'un supermarché à l'autre. "Un même soda vendu sur le territoire français peut venir d'usines différentes", explique Xavier Terlet, du cabinet spécialiste de l'agroalimentaire XTC. "Typiquement, Leclerc, en guerre avec Coca France depuis plusieurs mois, a un temps acheté les boissons du groupe à des usines étrangères". Or d'un pays à l'autre, une même boisson n'a pas le même niveau de sucre, comme l'a constaté Le Temps début juillet. Le journal suisse s'alarmait que le Fanta, l'Orangina et le Schweppes soient toujours plus sucrés en Suisse qu'ailleurs, jusqu'à deux fois plus. 

Les industriels interrogés se justifiaient en évoquant "les goûts des consommateurs qui divergent selon les pays". Pour cette même raison, certains ont longtemps fabriqué des sodas bien plus chargés en sucre dans les Dom-Tom qu'en métropole. Depuis 2013, ils n'en ont plus le droit. En revanche, Auchan, Carrefour, Leclerc et autres choisissent les usines où ils se fournissent. Ainsi, du côté de la répression des fraudes (DGCCRF) on ne voit rien d'illégal à ce que les distributeurs vendent des sodas de même marque, mais dont les taux de sucre divergent en raison d'approvisionnements différents ou d'un changement de formule du fabricant. À condition que le taux de sucre soit correctement renseigné sur l'étiquette

Nina Godart