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Serviettes hygiéniques et tampons: le nouveau test préoccupant de 60 Millions de consommateurs

Une poignée de tampons en coton.  (Photo d'illustration) - Loic Venance - AFP

Une poignée de tampons en coton. (Photo d'illustration) - Loic Venance - AFP - -

Des résidus du glyphosate, de phtalates, de composés halogénés ou de dioxines... 60 Millions de consommateurs publie la liste des protections périodiques, même issues de grandes marques, qui restent contaminées par des traces de substances à risque. Les marques de produits bio ne sont pas épargnées non plus.

En 2016 déjà, un article de 60 Millions de consommateurs avait révélé la présence de résidus de molécules soupçonnées de toxicité dans des protège-slips, tampons et serviettes hygiéniques. Les essais menés avaient permis de détecter des résidus de pesticides, mais aussi de dioxines (des polluants industriels cancérigènes) et d'autres molécules toxiques comme les composés organiques halogénés (d’autres sous-produits industriels liés aux traitements des matières premières, comme la purification ou le blanchiment des fibres), et aussi le très controversé glyphosate, classé "cancérogène probable" par le Centre International de recherche sur le cancer,

En complément de ces résultats, les experts de l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, avaient exploité des analyses menées par le laboratoire des Fraudes (DGCCRF). Publié au printemps dernier, ce rapport avait confirmé les résultats de 60 Millions et même rallongé la liste des résidus potentiellement à risque. Mais au final, compte tenu des faibles doses détectées, l’Anses avait estimé que la présence de ces résidus ne présentait pas de risque pour la santé, tout en recommandant "d’éliminer ou, à défaut, de réduire autant que possible la présence de ces substances dans les protections intimes, notamment les substances présentant des effets CMR [cancérogène, mutagène, reprotoxique]".

Des recommandations non suivies par les industriels

Pourtant, trois ans après ces premières révélations de 60 Millions, les fabricants ne semblent pas avoir pris de mesures pour réduire la contamination des protections périodes. Les nouvelles analyses menées révèlent la présence récurrente du glyphosate et/ou d’un de ses dérivés dans des produits de grandes marques (serviettes hygiéniques Nana, tampons Tampax).

Les marques bio ne sont pas toutes épargnées puisque les tampons Natracare et JHO sont aussi contaminés par des résidus de glyphosate. En revanche, la marque Love and Green et surtout les tampons Organyc en coton biologique ont des résultats plus que rassurants.

Autre résultat inquiétant: la présence de phtalates qui n’avaient pas été détectés lors des premiers tests, notamment du DnBP dans la référence Saforelle mais surtout du DEHP, dans les serviettes Vania, Always, Siempre et encore chez Saforelle. Suspecté par l’ECHA, l’Agence européenne officielle en charge des substances chimiques, de pouvoir altérer la fertilité, le DEHP fait pourtant partie des phtalates les plus préoccupants.

Une réglementation pas assez protectrice

Pour leur défense, les fabricants contactés par 60 Millions assurent que les pesticides et autres résidus ne sont pas ajoutés intentionnellement. Par courrier, Procter & Gamble, leader du marché avec ses marques Always et Tampax, fait part de sa surprise et indique n’avoir jamais détecté d’AMPA (un dérivé du glyphosate) dans ses Tampax. Quant aux phtalates, les fabricants contestent les concentrations détectées par "60" mais pas leur présence. Spécifiquement pour le DEHP, le fabricant de la référence Always dit ne pas avoir observé de détection au niveau signalé par le magazine.

"À quand une prise de conscience collective de la filière, depuis les fabricants de protections périodiques bio jusqu’aux marques leader pour écarter définitivement ces résidus ?", s’interroge Victoire N’sondé, l’auteure de l’article. En attendant cette prise de conscience, les protections périodiques continuent d’échapper la plupart du temps aux contrôles des organismes officiels, d’autant plus qu’elles pâtissent de l’absence de réglementation spécifique, contrairement aux cosmétiques et aux dispositifs médicaux, encadrés par la réglementation européenne.

Marie Dupin (RMC)