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Huiles, œufs, eaux... Pourquoi les ruptures de produits se multiplient dans la grande distribution

En forte hausse sur un an, les ruptures de stocks concernent de plus en plus de produits. Un manque à gagner de près de 5 milliards d'euros pour la grande distribution.

Après l’huile, la moutarde et la farine ce sont maintenant les eaux, les œufs ou les croquettes pour animaux qui viennent à manquer dans les rayons de nos supermarchés. Habitués à l'abondance, les consommateurs s'en étonnent de plus en plus. Selon un sondage OpinionWay pour La Retail Tech, les ruptures arrivent en tête des désagréments ressentis par les consommateurs (39%) en magasin, devant l'attente aux caisses (37%) ou encore la propreté (14%) et les places de parking (9%).

Un manque à gagner de 4,8 milliards d'euros

Car on l’a tous constaté ces derniers mois et les chiffres viennent le confirmer: les ruptures sont bien en progression. Selon le cabinet NielsenIQ, elles ont atteint fin 2022 un niveau record de 5,5% (1,4 point de plus en un an). Mais dans certains rayons ou magasins le taux est encore plus élevé et frôle les 10%.

Ce qui ne fait pas qu'agacer les consommateurs. C’est aussi un manque à gagner très important pour les magasins que NielsenIQ estime à 4,8 milliards d'euros par an.

Parmi les produits les plus touchés ces dernières semaines, le spécialiste cite les eaux aromatisées (+10,9 points) et gazeuses (+10,3 points), les œufs (+9,7 points), l’alimentation animale (+6,8 points) ou encore la crème fraîche (+5,4 points).

Grippe aviaire, sècheresse, inflation, manque de bras...

Pour quelles raisons observe-t-on cette recrudescence de ruptures? Il y a presque autant d'explications que de produits. Pour les œufs et la volaille, c’est la grippe aviaire qui a décimé des élevages (il faut près de 10 mois pour relancer un élevage).

Il y a les aléas climatiques pour certains légumes comme la pomme de terre dont la production a reculé en France avec la sècheresse ou le riz qui pourrait se faire plus rares ces prochains mois.

Mais aussi les difficultés de recrutement notamment dans le logistique qui désorganisent les livraisons.

La surconsommation de certains produits comme les pâtes en cette période d’inflation. Leurs ventes ont bondi de 10% en décembre dernier, ce que n'avaient pas anticipé les industriels.

Et bien sûr enfin l’inflation dans l’énergie qui pousse certains fabricants à suspendre des lignes de production ou à réduire leur offre de produits.

Riz, pommes de terre, oeufs

De nouveaux produits risquent-ils de manquer ces prochains mois? Ce qu’on peut dire en restant prudent, c’est que du fait des aléas climatiques, la récolte de pommes de terre a été mauvaise en France l’année dernière. De même que celle de riz en Inde ou au Pakistan qui sont nos plus gros fournisseurs.

Les œufs aussi avec la production qui n’a pas retrouvé son niveau d’avant grippe aviaire. Ou encore l’alimentation pour animaux avec les tensions sur les marchés des céréales ou des protéines animales.

Mais pas de panique, si rupture il y a, elles seront temporaires, assurent fabricants et distributeurs qui craignent la psychose et les achats de précautions, eux-mêmes causes de pénuries.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco