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Pourquoi le prix de la cerise s'envole à plus de 20 euros le kilo?

La sécheresse de l'été 2022 et les récentes intempéries dans le Sud ont considérablement amputé la récolte du fruit cette année mais les volumes devraient revenir dans les prochaines semaines, poussant les prix à la baisse.

Le phénomène n'a pas échappé aux amateurs de fruits et légumes: les cerises se vendent désormais à prix d'or. Dans les rues de la capitale, le prix du kilo oscille entre 16 et 30 euros tandis que le gros calibre se vend entre 12 et 14 euros le kilo à Rungis. "C'est absolument trop cher donc je n'en mange pas", réagit une cliente dans une rue commerçante de Paris. "J'étais sidérée par l'augmentation des cerises", déplore une autre.

Même dans le Sud où le prix du kilo tourne autour de 7 euros en moyenne, il reste 2 à 3 euros plus cher que l'année dernière. De quoi inciter Julien Espinas, primeur sur les marchés, à se tourner vers la cerise espagnole, plus abordable: "Quand il y a vraiment du monde et du débit, on peut faire les deux comme je fais le dimanche: je prends un peu de française et un peu d’Espagne. Quand il y a moins de monde, on mise sur l’Espagne car c’est moins cher et que tout le monde a moins d’argent donc c’est plus dans le contexte." Une opportunité qui ne devrait cependant pas durer, la fédération des marchés de France estimant que la cerise espagnole se vendra bientôt à 18 euros le kilo en moyenne contre 20 pour sa cousine française.

"On aura une très belle saison d'ici 15 jours-trois semaines"

Plusieurs facteurs expliquent cette explosion du prix des cerises, à commencer par les conditions climatiques selon David, producteur dans le Gard: "Je pense que c’est dû à l’été excessivement chaud qu’on a eu. Il faut savoir que les cerises et notamment les bourgeons fleurons se forment au mois de juillet de l’année d’avant. S’il fait très chaud l’année d’avant, on a une petite récolte l’année d’après." Il recense ainsi une baisse de 40% de sa production par rapport à l'année dernière. Par ailleurs, le secteur n'échappe pas à la hausse des coûts de l'énergie et aux pénuries de m'ain d'oeuvre qui pénalisent son activité.

Propriétaire de l'enseigne parisienne BG l'atelier maraîcher, Martial Bruneau confirme les effets néfastes des phénomènes climatiques: "Dans le Sud, il y a eu des intempéries énormes puis la sécheresse. L’arbre se met en mode survie lorsqu’il manque d’eau et qu’il est très sec donc il ne nourrit pas les fruits, ce qui fait qu’il y a beaucoup de petits fruits. Il suffit qu’il y ait un bon orage pour que les fruits tombent et pourrissent." En revanche, le report sur la cerise espagnole n'est pas forcément bénéfique à tous les niveaux selon lui.

"Les cerises espangoles sont moins chères mais elles sont moins bonnes, moins sucrées et ont moins de goût, indiquait-il ce matin sur le plateau de BFMTV. On n'a pas les mêmes réglementations et normes sur les pesticides."

Le vendeur anticipe une amélioration de la situation dès le début du mois de juillet. "Quand les volumes vont arriver, les prix vont baisser, insiste-t-il. Là, c'est un petit peu tôt mais je pense qu'on aura une très belle saison d'ici 15 jours-trois semaines, une fois que tout sera bien installé." En attendant ce réajustement des prix, Martial Bruneau conseille de "descendre dans les calibres" et ce, peu importe les fruits: "Plus vous avez des petits fruits, plus vous avez du volume et plus les prix sont intéressants."

Timothée Talbi