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Pourquoi le prix de certains produits alimentaires continue à flamber depuis le début de l’année

Sur les trois premiers mois de l'année, le prix des légumes frais a augmenté de 23% et celui du sucre de 26% selon le dernier indice détaillé des prix publié ce vendredi par l'Insee. Et la guerre en Ukraine n'y est pour rien.

L’Insee vient de réviser légèrement à la hausse le niveau de l’inflation sur un an: +5,7%. Et comme chaque mois, l’institut statistique publie la liste détaillée des hausses de prix que ses enquêteurs relèvent dans les commerces physique et sur internet. Une longue liste dans laquelle on constate que, pour une bonne partie des produits alimentaires de base, l’inflation en rythme annuel dépasse les 20%, mais surtout que leurs prix ont continué à fortement augmenter sur les trois premiers mois de 2023.

C'est le cas notamment des produits laitiers. Que ce soit pour le lait, le beurre, les yaourts ou le fromage, l’augmentation depuis le début de l’année tourne autour des 5%. Et ce niveau élevé s’explique au moins en partie parce que les industriels paient désormais leur lait plus cher aux producteurs.

Les légumes frais ont vu leurs prix augmenter en 3 mois de 22,9%

Bien plus frappante encore est l’envolée des prix des légumes frais :+22,9%.... depuis le début de l’année. Cette envolée hivernale n’est pas propre à la France. Cette tendance se retrouve un peu partout en Europe. Outre-Rhin, l’institut Destatis, l’équivalent allemand de l’Insee relève une augmentation de 6,7% du prix des légumes rien qu'entre février et mars dernier. Même en Espagne, qui affiche l’un des plus bas niveau d’inflation de l’Union Européenne, les légumes ont vu leurs prix s’envoler de 17,7% depuis le début de l’année selon les dernières données de l’INE (instituto nacional de estadistica).

Au-delà des prix de l’énergie pour chauffer les serres, cette envolée a pour origine la décision prise par les maraîchers de réduire la quantité de plants mis en terre. Ils sont partis du postulat qu’avec l’inflation, les consommateurs allaient réduire leurs achats de légumes et qu’il était donc inutile de maintenir leur production au niveau habituel.

Par ailleurs, le manque d’eau qui concerne toute la partie sud de l’Europe -y compris la France- accentue l’importance de cette baisse de la production. Il y a donc nettement moins de légumes mis sur le marché avec pour conséquence, cette envolée des prix.

Des inondations au Brésil et en Inde ont réduit leur production de sucre

Mais l’augmentation la plus spectaculaire de ce début d’année concerne un autre produit de base : le sucre. Selon, l’Insee le prix moyen au kilo s’est envolé de 26,2% depuis le début de l’année. En un an, le sucre aura ainsi pris 52,2%. Et, cette fois, l’explication tient non plus à la production européenne mais à la production mondiale.

Le Brésil a connu d’importantes inondations qui ont décalé et réduit sa production de canne. Or, en temps normal, les agriculteurs brésiliens assurent à eux seuls 50% des exportations mondiales de sucre. Par ailleurs, l’Inde, autre gros producteur a lui aussi été affecté par des inondations. La production a été réduite et le gouvernement a pris la décision de réduire les quotas d’exportation de sucre pour éviter une pénurie.

L'interdiction des néonicotinoïdes à pousser les betteraviers français à réduire leur production

Depuis le début de l’hiver, les cours grimpent de mois en mois. Y compris celui du sucre blanc, issu de la betterave, dont la France est un acteur historique dont la capacité de production a été, elle-même, mise à mal par une réduction des plantations.

Échaudés par les variations de cours passées et l’interdiction d’utiliser des néonicotinoïdes, les betteraviers ont en effet revu à la baisse le nombre d’hectares consacré à cette culture, privilégiant se diversifier en planter d’autres légumes-racines mais aussi du lin, du colza et des céréales. Confrontés à une baisse considérable de la production, les grands groupes sucriers ont même été contraints de fermer une partie de leurs usines en France.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco