BFM Business
Conso

Pourquoi le melon coûte si cher cet été

Cet été, le prix payé aux producteurs a doublé par rapport à l’année dernière. Une hausse répercutée sur les étals. La faute à la météo printanière mais pas seulement. Explications.

Du jamais-vu. Entre 3 et 5 euros le kilo, à la mi-août sur les étals. De tous les fruits d’été, le melon charentais est clairement celui dont le prix a le plus flambé cet été. Et cette flambée n’est pas imputable à la pandémie. Selon les cours officiels agrégés par FranceAgriMer, les melons expédiés par les producteurs se vendaient le 18 août dernier entre 1,30 et 1,80 euro selon leur origine et leur calibre. Deux fois plus cher qu’il y a un an, à la même époque. "Cela ne s’est jamais vu. Et pour le consommateur c’est trop cher" admet Bernard Borredon, président du syndicat interprofessionnel du melon du Quercy.

Comme le plus souvent en matière agricole, ces prix records tiennent d’abord aux conditions météorologiques. Dans les trois régions qui assurent l’essentiel de la production française (Occitanie, PACA et Nouvelle-Aquitaine), le mois de juin a été plus pluvieux qu’à l’ordinaire. Les abeilles qui assurent l’essentiel de la pollinisation des fleurs de melon ont été peu actives. "Les rendements ont été réduit de 40%" estime Jérôme Jausseran, le président du groupement de producteurs de melons Force Sud, un acteur majeur de la filière.

De moins en moins de melons plantés en France

Mais la baisse de la productivité des plants n’explique pas tout. Ces dernières années, le melon, que la grande distribution utilise souvent comme un produit d’appel, avait vu ses cours tomber en dessous du seuil de rentabilité pour les producteurs français. Nombre d’entre eux ont donc renoncé à cette culture. En décembre, Rouge Gorge, le leader français du melon, a ainsi décidé de se recentrer sur la production de... pommes. Les surfaces plantées ont considérablement diminué. "Quasiment un tiers de moins en cinq ans" constate Jérôme Jausseran. Cette année encore, selon les données officielles, elles ont baissé de 8 % soit 1000 hectares de moins.

Au total, la production française s’est faite cette année sur 11400 hectares. Le nombre de tonnes produites en 2020 sera donc très inférieur à celui des années précédentes. D’où cette hausse des prix. Hausse renforcée par une demande qui a été stimulée par la canicule. "Plus il fait chaud, plus les consommateurs ont envie de manger du melon" souligne Bernard Borredon.

Le melon de septembre sera moins cher que celui d'août

La bonne nouvelle, pour les amateurs, c’est que les cours sont à la baisse depuis quelques jours. En France, la saison du melon dure en effet près de quatre mois. Et les melons qui arrivent à maturité après l’Assomption ont fleuri au moment où l’activité des abeilles avait retrouvé un niveau normal. La production retrouve donc un niveau plus normal. Les cours ont commencé à baisser. Le melon de septembre sera nettement moins cher que celui d’août.

Reste que les records de prix atteints avant la mi-août ont permis aux producteurs de reconstituer une partie de leur trésorerie. Et ces derniers espèrent ne plus avoir à vivre l’enfer de ces dernières années, où leur activité n’était plus du tout rentable. "1 euro le kilo pour le producteur c’est le juste prix. Mais 1 euro chez le commerçant, on ne peut pas en vivre" résume Bernard Borredon.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco