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Panzani va-t-il repasser sous pavillon français?

Propriétaire du numero 1 français des pâtes, le groupe espagnol Ebro n'exclut pas de céder la marque et les usines à son concurrent historique.

Au rayon pâtes sèches des supermarchés français, Panzani continue à résister aux coups de boutoir de Barilla et des marques distributeurs. Sa part de marché (37.9%) est restée la même qu'il y a dix ans. Mais son propriétaire, l’espagnol Ebro n'exclut pas de céder le fleuron français qu'il a acheté en 2005.

Soulignant l’appétit de Lustucru pour la marque de pâtes la plus vendue en France, le quotidien Les Echos rappelle les propos tenus mi-mars dans El Economista par le président du géant espagnol de l’agroalimentaire au sujet d’une éventuelle vente de Panzani: "Je n'ai jamais dit que je ne vendais pas. Tout dépend du prix", expliquait alors Antonio Hernández Callejas, avant d’indiquer qu’une cession lui rapportant 600 millions lui permettrait de faire "beaucoup de choses".

Dans le giron de Danone, Panzani réinvente la pub pour les pâtes

Si cette vente se concrétise, Panzani repasserait sous pavillon tricolore. Petit rappel historique. Le numéro 1 français des pâtes porte le nom de son créateur. Florentin d’origine, français d’adoption, Jean Panzani a été le premier à mettre ses pâtes dans un emballage en cellophane transparent. En un quart de siècle, il bâtit un petit empire industriel qu’il vend en 1973 au groupe Gervais-Danone.

A grands renforts de publicité ("Don Patillo", "Des pâtes, des pâtes.. Oui mais des Panzani), la marque s’impose dans les linéaires. Mais en 1997, Danone s'en sépare. PAI Partners (ex-Paribas Affaires Industrielles) en devient l'actionnaire majoritaire. Aucun fonds d’investissement n’ayant néanmoins vocation à garder éternellement une entreprise dans son portefeuille d’actifs, ses titres ont donc été cédés pour 639 millions d’euros à l'espagnol Ebro, il y a un peu plus de quinze ans.

Les deux "maisons-mères" de Lustucru

L’éventuel rachat de Panzani par son concurrent historique ne signerait pas pour autant le départ d’Ebro du territoire national. Car le groupe espagnol est aussi le propriétaire de la marque Lustucru Essentiel, spécialisée dans les pâtes fraîches. Et s’il s’entend sur la vente de Panzani à la famille Cohen-Skalli, propriétaire, depuis 2002, des pâtes sèches Lustucru, il n’est visiblement pas question d’y intégrer les raviolis, tagliatelles et autres gnocchi vendus au rayon frais.

Et pour cause, l’entreprise familiale marseillaise a, en 2002, vendu son pôle riz et pâtes fraiches à Panzani. La marque popularisée dans les années 80 par Germaine et les extraterrestres continuera donc à se partager entre deux maisons-mères.

En revanche, avec ce rachat, les Cohen-Skalli seraient en mesure de créer un géant français pour résister aux pâtes made in Italy. Car nos nouilles nationales sont en perte de vitesse. En 2020, sur les 593.659 tonnes consommées en France, 64% ont été importées de l’étranger contre 57% dix ans plus tôt.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco