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Ouverture des commerces le dimanche: les Français toujours divisés

Selon les enquêtes du Credoc, en onze ans, les avis des Français n'ont quasiment pas évolué sur la question avec une faible majorité qui se prononce pour.

La question divise depuis toujours. Faut-il autoriser l'ouverture des commerces le dimanche? Pour les uns, c'est une évidence compte tenu des changements d'habitudes et des besoins de consommateurs toujours plus pressés en semaine. Pour les autres, le dimanche doit rester une journée de repos pendant laquelle on ne consomme pas.

Reste que depuis une dizaine d'années, les dérogations se succèdent pour une plus grande libéralisation. Elles permettent aux magasins des zones commerciales et des zones touristiques internationales d’ouvrir tous les dimanches de l’année. Des dérogations sont également accordées à certaines périodes de l’année.

Cela-a-t-il entraîné un changement dans la perception des Français? Pas vraiment, répond le Crédoc qui mène des enquêtes sur la question depuis 2008.

"Loin de faire l’unanimité"

Concrètement, en 2019, la part des Français favorables à la libéralisation reste stable autour de 53% (le même chiffre qu'en 2008), celle des opposants autour de 47%, là encore le même résultat qu'en 2008.

"Et les opinions restent très tranchées: si la proportion de consommateurs "très défavorables" a diminué de 2 points, elle reste nettement supérieure à la proportion de Français "très favorables": 26% contre 21%, explique le Crédoc. "L’adhésion à une libéralisation totale est donc loin de faire l’unanimité".

Finalement, les Français sont pour le statu-quo avec des ouvertures le dimanche réglementées. "Les individus hostiles à une libéralisation totale sont en effet favorables à l’ouverture des commerces le dimanche matin", par exemple.

En revanche, une ouverture dominicale limitée aux commerces des grandes agglomérations trouve peu de partisans tout comme la proposition de libéralisation limitée aux centres-villes: seulement 31% des Français y sont plutôt favorables ou très favorables.

Gain de temps contre vie de famille

Pour les partisans d'une ouverture plus globale, c'est le gain de temps qui est mis en avant (59% des personnes favorables à la libéralisation). D'ailleurs, selon l'étude, une majorité des achats le dimanche (51%) concerne l'alimentation.

Pour 14%, cela permet de bénéficier d'un temps de loisir supplémentaire, le shopping étant considéré comme une activité récréative. En effet, les produits de jardinage et les vêtements sont les autres produits les plus achetés le dimanche.

16% de ceux qui souhaitent la libéralisation croient qu’elle pourrait procurer plus de gains aux commerçants et aux salariés. Néanmoins, le Crédoc bat en brêche cette croyance: "on peut toutefois penser que ce gain serait faible pour les commerçants, puisqu’aucun impact positif n’a été mis en évidence dans les études françaises".

Pour les opposants, ouvrir le dimanche ne sert à rien. 96% des détracteurs estiment que le temps d’ouverture des commerces est suffisant pour que chacun s’organise pour faire ses achats.

Les jeunes urbains bien plus favorables

Par ailleurs, ils considèrent que l’ouverture dominicale peut avoir des conséquences négatives sur la vie familiale des salariés du commerce. Ils sont également nombreux (92%) à penser que la libéralisation de l’ouverture dominicale porterait un mauvais coup aux petits commerces.

Evidemment, ces avis présentent de fortes disparités en fonction de son lieu de résidence et de son âge. "Alors que 70% des habitants de l’agglomération parisienne sont favorables ou très favorables à l’ouverture dominicale, cette proportion atteint 57% pour les agglomérations de plus de 200.000 habitants (hors Paris), mais elle tombe à 42% pour les villes de moins de 20.000 habitants", peut-on lire.

Et tandis que les 18-44 ans y sont favorables ou très favorables (entre 57% et 59% selon les âges), ils ne sont plus que 43% chez les 55-64 ans.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business