BFM Business
Conso

Moins de références en rayon, une population qui vieillit... Il n'y a pas que l'inflation qui pousse les Français à moins acheter

Les volumes d'achats de produits en forte baisse sur un an en grande distribution.

Les volumes d'achats de produits en forte baisse sur un an en grande distribution. - AFP

Si les volumes d'achat ont baissé de plus de 4% au premier semestre, la hausse des prix n'est pas la seule explication. La déconsommation avait déjà débuté avant le Covid. Explications.

Dans la grande distribution, 4,1% de volumes de ventes en moins au premier semestre 2023: c'est l'évolution constatée sur un an, et elle n'est pas uniquement liée à l'inflation, explique Emily Mayer, analyste spécialiste du secteur.

"L'inflation joue un rôle" mais ne suffit pas à expliquer l'actuelle baisse des volumes, "jamais vue depuis que nous suivons les sorties caisse dans les années 90", relève cette analyste de la société d'étude Circana, un panel qui décortique les ventes de la grande distribution.

Décrue post-Covid

Selon elle, cette baisse peut aussi être mise en lien avec la reprise d'activité post-Covid. "En 2020, la grande distribution a gagné massivement et de manière très brutale 7% de volumes de ventes parce que, du jour au lendemain, tous les services de restauration collective et commerciale ont fermé", analyse Emily Mayer.

Ce gonflement des volumes a ensuite connu une décrue progressive à mesure de l'assouplissement des restrictions liées à la pandémie, qui n'ont totalement disparu qu'au printemps 2022, avec la fin du passe sanitaire dans les lieux de restauration commerciale.

"En réalité, si l'on compare le premier semestre 2023 au premier semestre 2019, la baisse des volumes de ventes n'est que de 0,6%", relativise l'analyste de Circana.

Moins de références

La diminution du nombre de références est un autre facteur qui peut favoriser la baisse des volumes de ventes dans les supermarchés. Or "aujourd'hui, il y a à peu près 4% de références en moins dans les magasins hyper et supermarchés" qu'un an plus tôt, observe Emily Mayer.

S'il est plus simple et moins coûteux pour les industriels comme pour les distributeurs d'avoir un nombre plus restreint de références, cela tire aussi les volumes de ventes à la baisse.

Antigaspi et vieillissement

Ces éléments conjoncturels expliquent en partie le recul des achats des consommateurs mais d'autres facteurs plus structurels poussent aussi les ventes vers le bas.

En 2018 et 2019, les volumes baissaient déjà "de l'ordre de 0,8 à 1% et on parlait de déconsommation", se souvient Emily Mayer.

Une tendance de fond qui s'explique par une population qui ne croît plus beaucoup, qui vieillit et dont les besoins alimentaires diminuent avec l'âge, et qui gaspille moins, relève l'analyste.

"Quand on interroge les Français sur la manière dont ils vont maîtriser leur budget, la première chose qu'ils disent c'est "je vais moins gaspiller et acheter en plus juste quantité". Donc si chacun réduit un peu ses volumes d'achats, on a une tendance à la baisse", ajoute l'analyste.
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco