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Michel-Edouard Leclerc: "La reprise est là, mais les prix vont fortement augmenter"

Michel- Edouard Leclerc, PDG du groupe E. Leclerc

Michel- Edouard Leclerc, PDG du groupe E. Leclerc - AFP

Malgré une reprise, le PDG du groupe E. Leclerc redoute une inflation bien plus plus forte que l'estimation des économistes. Il se dit prêt à "prendre sur ses marges" pour limiter l'impact sur les consommateurs.

"Il faut arrêter de râler tout le temps", lance Michel-Edouard Leclerc, PDG du groupe E. Leclerc pour rappeler que malgré le climat ambiant, la reprise est bien "réelle" en France.

"Cette reprise, je la vois à travers l'observatoire d'un groupe de distribution. Notre activité est très soutenue. Il y a une vraie croissance. Nos fournisseurs ne s'en tirent pas si mal. Les résultats des entreprises du CAC 40 sont très bons. Il y a très peu de faillites", constate sur Europe 1 le patron du groupe E. Leclerc en annonçant le recrutement de 3000 salariés d'ici à 2022.

Michel-Edouard Leclerc note que le luxe n'est pas le seul secteur à retrouver la croissance. "Il y aussi celui des prix bas comme Leclerc, Système U, Lidl et même Carrefour qui s'y met".

Mais malgré ce constat, le dirigeant craint une "vague inflationniste" avec de fortes augmentations plus forte que ne le pensent les économistes.

"Une inflation mensuelle à 4%"

Dans un tweet début novembre, il estime que "les statistiques officielles et les économistes minimisent les hausses de prix en cours. Pâtes, huiles, café, chocolat: à mon avis, on va vite vers une inflation mensuelle à 4%". Les prix à la consommation ont progressé de 2,6% sur un an au mois d'octobre, après une hausse de 2,2% en septembre et de 1,9% en août, toujours tirés par les prix de l'énergie et des services.

Michel-Edouard Leclerc craint que l'inflation "brise" la croissance et redoute que les salaires soient "rongés" par l'inflation. Il rappelle que déjà, avec la hausse du cours du blé, le prix des pâtes a déjà augmenté de 35%. Il affirme que son groupe est prêt à "prendre sur ses marges" pour limiter l'impact sur les agriculteurs et les consommateurs.

"Pour certains produits, on ne peut faire autrement qu'augmenter sinon c'est le producteur, agriculteur et éleveur, qui en souffre. Par contre, chez les grands industriels, comme Danone ou Nestlé, on va discuter. Lorsqu'il y a des hausses de dividendes, il n'y a pas de raison de faire payer le consommateur français", indique Michel-Edouard Leclerc.

Bras de fer avec les armateurs

Ce ne sera pas le premier bras de fer du dirigeant. En septembre dernier, il réclamait la création d'une enquête parlementaire pour savoir si les hausses des coûts de transport par les grandes entreprises de frets maritimes sont réellement fondées.

"Leurs résultats sont mirobolants. A la suite de ma demande d'enquête, j'ai rencontré Rodolphe Saadé [PDG de CMA CGM, le troisième armateur mondial, NDLR] qui m'en voulait un peu. Mais de toute façon, ça n'a pas abouti", regrette Michel-Edouard Leclerc.

Le dirigeant dénonçait aussi en septembre un "chantage" dont feraient l'objet les réseaux de distribution contraints d'accepter les hausses des prix du transport pour être livrés.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco