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Michel Edouard Leclerc a-t-il raison de prévoir une inflation à 4% en 2022?

Au micro de Jean-Jacques Bourdin, le patron de l'enseigne de grande distribution a assuré que l'inflation allait s'envoler l'an prochain. De fait, les industriels n'ont pas pu pour le moment répercuter la flambée des cours des matières premières sur leurs produits. Explications.

Invité de Jean Jacques Bourdin, Michel-Edouard Leclerc, a annoncé ce mercredi que l’inflation allait flamber en 2022 pour atteindre 4%. Prévision alarmiste ou réaliste? Première certitude: aujourd’hui, les cours du pétrole, du gaz naturel et, par ricochet, les prix de l’électricité, ne sont pas les seuls à avoir flambé.

Dans son suivi mensuel des cours mondiaux des céréales, des huiles alimentaires, des produits laitiers, de la viande, la FAO souligne que la tendance est à la hausse. Une hausse sensible. L’indice global qui agrège la totalité de ces produits alimentaires de base a retrouvé en novembre les niveaux records atteints voici dix ans.

Le cours du blé a augmenté de 30% sur un an

On peut prendre un exemple plus concret avec le cours du blé en France. Il atteint 280 euros la tonne (blé tendre), soit une hausse de 30% par rapport à l’an passé. Une envolée déclenchée par le faible niveau des rendements dans les principales zones de production, toutes concernées par des conditions climatiques –pluies, fraîcheur- défavorables.

S’ajoute à cela la hausse sur un an du prix du transport de marchandise, liée à la flambée des prix de l’énergie. Or certains produits alimentaire parcourent des milliers de kilomètres avant de finir dans nos assiettes.

Répercussion immédiate en Allemagne, pas en France

Donc, évidemment, se pose la question de la répercussion de ces flambées des cours sur les prix des produits alimentaires dans les commerces. Pour l’instant, en Europe, on distingue deux catégories de pays. Ceux, d’abord, où la répercussion a été immédiate. C’est le cas de l’Allemagne (+4,5% de hausse sur un an pour les produits alimentaires) et de l’Espagne (+3,2%). Et ceux où le consommateur est épargné par ces hausses de prix : Belgique (-1,2%), Suisse (-1,7%) et la France (+0,4%).

Comment s’expliquent ces différences? Essentiellement par la façon dont les industriels et la grande distribution revalorisent les prix des produits de grande consommation. En France, elles sont le fruit de négociations annuelles qui durent plusieurs mois et se terminent en mars.

Au rayon pâtes, +31% sur les paquets premier prix

Cette année elles s’annoncent encore plus tendues que d’habitude. Car, pour le moment, les industriels sont contraints de réduire leur marge. Ils vont donc se battre pour obtenir des augmentations de prix dès le printemps. D’autant que les distributeurs répercutent déjà dans leurs rayons les hausses des cours des matières premières sur leurs produits maisons.

On le voit par exemple avec le prix des pâtes. Selon l’institut IRI, le prix moyen du paquet marques nationales n’a augmenté que de 1,4%. Celui des MDD de plus de 11% et les pâtes "premiers prix" de quasiment 31%.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco