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Les supermarchés se goinfrent-ils vraiment sur le prix des fruits et légumes bio?

Dans son dernier numéro, l'UFC Que Choisir accuse la grande distribution d'appliquer des "surmarges" aux fruits et légumes bio et de faire son beurre sur le dos des consommateurs. Qu'en est-il vraiment?

L’UFC Que Choisir dénonce dans son dernier numéro les marges réalisées par la grande distribution sur les fruits et légumes bio. L’association de consommateurs reproche aux enseignes de supermarchés de réaliser une marge brute très importante sur les produits bio. Selon ses chiffres, un supermarché gagne 287 euros sur un panier moyen d’achat de produits bio de 657 euros, alors que sur des produits comparables "non bio" sa marge se limite, en moyenne, à 173 euros avec une facture finale pour le consommateur de 379 euros.

Un taux de marge finalement plus faible

Mais cette démonstration repose sur une logique discutable: pour l’UFC Que Choisir, la marge devrait être identique que le produit soit bio ou non. En clair, si un supermarché gagne 90 centimes sur un kilo d'oranges traitées, il devrait en encaisser autant pour la vente d'un kilo d'oranges bio. Mais dans les faits, quand un commerçant calcule le prix de vente de ses produits, il n'applique pas une marge fixe en euro mais un pourcentage sur le prix auquel il a lui-même acheté ses produits. C'est ce qu'on appelle le taux de marge.

Or les carottes, les melons ou les salades bio coûtant plus cher à produire, ils sont vendus plus cher aux commerçants que les mêmes produits non-bio. En euros, la marge sera donc mécaniquement plus importante, mais pas nécessairement le taux appliqué par le commerçant.

En reprenant les données de l’UFC Que Choisir, on constate ainsi que sur les fruits et légumes bio, le taux de marge appliqué est de 86% alors qu’il atteint 93% pour les fruits et légumes issus de l’agriculture conventionnelle. Il s’agit, par ailleurs, d’une marge brute. Avec cet argent, l’enseigne doit payer ses salariés, le loyer du magasin etc…

Si la marge brute est plus importante en bio, le taux de marge est lui plus faible
Si la marge brute est plus importante en bio, le taux de marge est lui plus faible © Flaticon, Freepik

Ce qui ressort des données mises en avant par l’UFC Que Choisir, c’est plutôt que la grande distribution réalise au rayon fruits et légumes des marges confortables, que les produits vendus soient issus de l’agriculture biologique ou conventionnelle.

Certes, dans certains cas, elle profite de l’envie des consommateurs de consommer plus sainement pour pratiquer des marges plus juteuses. C’est vrai, par exemple, pour la pomme golden. Avec une marge brute qui passe de 82% pour une pomme conventionnelle à 121% pour son équivalente "bio". Mais sur l'ensemble du rayon fruits et légumes, le taux de marge reste bel et bien inférieur.

Pour les pommes Golden bio, le taux de marge brute de la grande distribution est en effet très haut
Pour les pommes Golden bio, le taux de marge brute de la grande distribution est en effet très haut © Flaticon, Freepik

Autre constat du magazine, les amateurs de fruits et légumes bio ont plus intérêt à les acheter dans les magasins spécialisés. L’UFC Que Choisir note qu’en moyenne, ils y coûtent 20% moins cher. Sauf que ces mêmes magasins bio se rattrapent sur les autres produits, épicerie ou produits laitiers par exemple.

Faire ses courses dans plusieurs magasins

Un panier de 144 euros (prix moyen constaté par l’association de consommateurs chez Biocoop, La Vie Claire, Naturalia, Bio C Bon etc…) coûte en moyenne 30% de moins au rayon bio des sept enseignes de la grande distribution (Leclerc, Carrefour, Intermarché, Cora, Auchan, Système U, Casino). Conclusion: pour faire des économies sur les produits bio, il faut faire ses courses dans plusieurs magasins: privilégier l'achat des fruits et légumes dans les enseignes spécialisées et se tourner vers la grande distribution pour la farine, le riz ou les laitages par exemple. 

Le panier moyen bio
Le panier moyen bio © Flaticon, Freepik
Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco