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Les Français disent être moins touchés par l'inflation que la plupart des Européens

La hausse importante du pouvoir d'achat, enregistrée l'année dernière, devrait aider à compenser les pertes à venir.

La hausse importante du pouvoir d'achat, enregistrée l'année dernière, devrait aider à compenser les pertes à venir. - Unsplash

Selon le baromètre Cetelem, le moral des Européens a plongé en 2022 avec le retour de l'inflation. Les Français semblent avoir mieux tenu le choc que la plupart de leurs voisins, principalement en ce qui concerne leur situation personnelle.

Des Français moins pessimistes que la plupart de leurs voisins européens. C'est assez rare pour être souligné. Selon le baromètre Cetelem 2023* qui mesure la perception des Européens sur l'état de l'économie et de leur pouvoir d'achat, la morosité a gagné en 2022 l'ensemble du Vieux continent après une année 2021 euphorique.

En cause évidemment le retour brutal de l’inflation –du jamais-vu depuis près de 40 ans– dopée par la guerre en Ukraine. Selon l'enquête, pour neuf Européens sur 10, l'inflation est une réalité. 70% ont même ressenti une "nette augmentation des prix" l'année passée, avec des pics très élevés en Hongrie (90%), au Portugal (88%) ou encore en République tchèque (80%) ou en Italie (75%). Deux pays sont toutefois très en dessous de cette moyenne. C'est en effet en France ainsi qu'au Royaume-Uni que le ressenti est le plus faible avec 60% qui ont constaté une nette hausse des prix, soit 10 points en dessous de la moyenne.

"Sans doute en raison d’un taux d’inflation bien inférieur (7,1% en France; 9,6% au Royaume-Uni) à celui de la zone euro (11,5%) dû en grande partie au bouclier tarifaire mis en place par les gouvernements", avancent les auteurs de l'étude.

Concernant le pouvoir d'achat en revanche, les Français ont l'impression d'avoir davantage perdu que la plupart des Européens. Dans les 15 pays étudiés, 54% des personnes interrogées en moyenne estiment que leur pouvoir d'achat a baissé ces 12 derniers mois. En France, cette proportion frôle les 60% (59%), soit un des taux les plus hauts en Europe derrière le Portugal, la Hongrie et à égalité avec l'Italie.

Des Européens démoralisés

Alors que chez nos voisins, les habitants ressentent davantage l'inflation qu'une perte de pouvoir d'achat, la France fait figure d'exception avec une sensibilité plus forte à la baisse de pouvoir d'achat.

Les salaires ont-ils moins augmenté en France qu'ailleurs? Avec des hausses moyennes à l'embauche de 4,7% en France selon Indeed, le pays n'est pourtant pas celui qui a consenti le moins de hausses. Si l'Allemagne fait mieux (+6,9% en moyenne), la France serait devant l'Italie (4,1%), les Pays-Bas (3,9%) ou encore l'Espagne (3,9%).

Dans l'ensemble, les Européens sont démoralisés en ce qui concerne leur situation personnelle et celle de leur pays. En un an, le moral des habitants a fortement plongé. Concernant la situation du pays, la note moyenne attribuée est passée de 5,4/10 à 4,9/10 dans les 15 pays. Pour la situation personnelle, la chute est moindre avec une moyenne de 5,8/10 en 2022 contre 6,2/10 un an plus tôt.

Si le moral des Français a aussi chuté, cette baisse est moins forte que dans nombre de pays comme le Royaume-Uni, l'Italie, la Belgique ou le Portugal. Avec une note moyenne de 5/10 attribuée à la situation du pays et de 6/10 à leur situation personnelle, les Français sont même globalement moins démoralisés que les Européens dans leur ensemble.

Moins d'épargne et des dépenses contraintes

Si les périodes de crise se traduisent en général par une prudence accrue des consommateurs, ce n'est pas le cas cette fois.

"Dans un tel contexte d’incertitudes, avec une inflation qui pèse comme cela n’a plus été le cas depuis des décennies et un pouvoir d’achat qui se contracte, on aurait pu attendre de voir les Européens jouer sur les leviers de l’épargne et de la consommation, estiment les auteurs de l'étude. Tel n’est pas vraiment le cas. En moyenne générale, les intentions d’épargner sont en baisse de 3 points tandis que celles de consommer sont sujettes à un élan contraire, en hausse de 5 points."

Après avoir atteint des niveaux records en 2021, les taux d'épargne ont baissé partout en Europe l'année dernière. En France il est par exemple passé de 20,9% à 18,7% en un an. La consommation en euros constants a elle progressé de 3,3% en Europe et de 2,8% en France.

Une hausse principalement liée aux dépenses contraintes et à l'inflation.

"Les envies de dépenser exprimées par les Européens dans ce baromètre viennent conforter ce point de vue, assure Cetelem. En léger recul de 1 point par rapport à l’an dernier, elles concernent un Européen sur deux. Fait significatif, un sur quatre déclare n’avoir ni l’envie ni les moyens de consommer, un résultat en augmentation de 3 points."

*Méthodologie: Etude réalisée par Harris Interactive du 3 au 16 novembre 2022 dans 15 pays d’Europe : Allemagne (DE), Autriche (AT), Belgique (BE), Bulgarie (BG), Espagne (ES), France (FR), Hongrie (HU), Italie (IT), Pologne (PL), Portugal (PT), République tchèque (CZ), Roumanie (RO), Royaume-Uni (UK), Slovaquie (SK) et Suède (SE). Au total, 14 200 personnes ont été interrogées en ligne (mode de recueil CAWI). Ces personnes âgées de 18 à 75 ans sont issues d’échantillons nationaux représentatifs de chaque pays. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, région d’habitation et niveau de revenus/CSP). 3000 interviews ont été réalisées en France et 800 dans chacun des autres pays.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco