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Les Français achètent moins de viande au supermarché mais ils en consomment toujours plus

En 2022, la consommation de viande a, comme l'année précédente, augmenté en France. Car s'ils en mettent moins souvent dans leurs paniers de course, les consommateurs se rattrapent au restaurant et à la cantine.

Les dernières statistiques sont sans appel. En dépit de ce qu’une partie d'entre eux affirment, les Français n’ont, dans leur ensemble, pas réduit leur consommation de viande. Ou, du moins, le repli observé au cours de la décennie précédente n’est plus d’actualité.

Jusqu’en 2020, au plus forte de la crise Covid, la consommation avait baissé. Cette année-là, le recul avait même atteint 1,5% selon les données recueillies par l’Agreste, l’organisme en charge du suivi des données statistiques au ministère de l’Agriculture. Mais depuis, la consommation est repartie à la hausse: +1% en 2021 et +0,8% l’an passé.

La consommation par habitant a augmenté de 1,2% en deux ans

Certes, chaque année la population française augmente et, avec, le nombre de consommateurs potentiels de viande. Mais la prise en compte de ce critère démographique ne change pas la tendance. Le nombre de kilos consommés par habitant sur l’année avait bien baissé en 2019 (-1%) et, plus encore, en 2020 (-1,7%) mais il a rebondi en 2021 (+0,7%) et 2022 (+0,5%).

En réalité, les Français qui affirment consommer moins de viande se trompent de formulation: ils devraient dire qu’ils achètent moins de viandes au supermarché ou chez leur boucher. Le rapport annuel de l’Agreste constate en effet une baisse du nombre de kilos de viande achetés dans l’année par les "ménages pour leur consommation à leur domicile principal". En cause l'inflation, évidemment. Si le recul global est important (-4,2%), il atteint un niveau impressionnant pour la viande bovine: -14%.

Les Français mangent moins de viande à la maison mais plus hors domicile

En revanche, au restaurant, à la cantine, au fast food, à la boulangerie, les Français continuent à privilégier les offres comprenant de la viande. Nuggets, hamburgers ou croque-monsieur ont davantage leur faveur que les salades ou les sandwiches végétariens. Sans doute faudrait-il pour faire infléchir à nouveau la courbe de consommation de viande que l’offre dans les restaurants et dans les cantines évolue plus significativement.

Une évolution d’autant plus nécessaire que lorsqu’ils déjeunent ou ne dînent pas chez eux, la viande qu’on leur sert est généralement de moindre qualité que celle qu’ils achètent chez leur boucher. Elle est aussi de moins en moins souvent française. L’Agreste souligne notamment que pour "satisfaire la demande intérieure en viande de poulet, la France a de plus en plus recours aux importations". L’an passé, elles ont pesé pour la moitié de la consommation de viande de poulet en France.

Le poulet dépasse le boeuf pour la première fois

Des importations qui, selon les données du ministère de l’Agriculture, "alimentent en grande partie la restauration hors foyer". Ces tonnes de poulets principalement élevés en Belgique et en Pologne que les Français consomment lorsqu’ils ne prennent par leurs repas à domicile ont, en 2022, relégué pour la première fois la viande de boeuf au troisième rang national (26,1% de la consommation totale de viande vs 26,5%). La consommation de porc reste néanmoins loin devant, se maintenant à 37,6%.

A l’inverse, la consommation de viande qu’on ne sert pas dans les fast food et très rarement à la cantine (lapin, dinde, cheval, canard...) voient leur consommation globale baisser. Dans le cas des palmipèdes, le plongeon de 27% observé en 2022 étant avant tout dû à la grippe aviaire. On notera pour finir que l’agneau, vedette de la table à Pâques, est largement devancé par la dinde, star, elle, des fêtes de fin d’année (4,2% vs 2,7% de la viande consommée en 2022).

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco