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Le réseau électrique français a-t-il vraiment frôlé le "black-out" en début de semaine?

RTE a activé le dispositif d'interruptibilité lundi soir

RTE a activé le dispositif d'interruptibilité lundi soir - Philippe HUGUEN / AFP

Si RTE a reconnu avoir activé le dispositif d'interruptibilité lundi soir, privant 22 sites industriels d'électricité pendant une quinzaine de minutes, le gestionnaire dément tout risque de "black-out".

C’est assez rare pour être signalé. Selon une information des Échos, le gestionnaire du réseau de transport électrique RTE a activé lundi 7 octobre le dispositif dit "d’interruptibilité". Créé en 2011, ce dernier consiste à couper automatiquement le courant de 22 sites de production industriels lorsque l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité n’est plus assuré.

L’activation de ce dispositif d’urgence a permis d’éviter le risque de "black-out", affirme le quotidien économique, précisant que ce n’est que la seconde fois que RTE y a recours depuis sa création dans le cadre de la loi NOME.

Contacté, RTE, qui doit assurer le maintien de la fréquence du réseau à 50 Hz pour maintenir la production et la consommation à un niveau égal, reconnaît avoir été confronté à un déséquilibre lundi soir aux alentours de 21 heures, la production ayant été inférieure à la consommation.

RTE réfute tout risque de "black-out"

Deux facteurs ont été à l’origine de ce décalage. Le premier concerne le programme d’échange d’électricité entre pays européens qui prévoit des changements de flux toutes les heures. Or, à 21 heures, la consommation en France a tendance à baisser, ce qui encourage à exporter davantage l’électricité dont on a moins besoin. Rien d'inhabituel pour autant. Si cette pratique peut temporairement dérégler la fréquence, elle reste extrêmement courante et ne présente aucun risque en soi.

Sauf que cette exportation du surplus de production s’est produite en même temps que la déconnexion au réseau d’une turbine du réacteur nucléaire de Gravelines pour une opération de maintenance, selon les dires d’EDF rapportés par Les Échos. La concomitance des deux événements "a accentué le décalage de fréquence", reconnaît RTE. D’où un déséquilibre entre l’offre et la demande nécessitant l’activation du dispositif d’interruptibilité.

Pour autant, si 22 sites industriels gros consommateurs d’électricité se sont effectivement vus privés de courant pendant une quinzaine de minutes, RTE dément tout risque de "black-out". Le gestionnaire assure avoir l’habitude de ce type d’événements et dit disposer d'une "palette d'outils" pour y faire face, à l’image des réserves primaires et secondaires qui sont également activées lorsqu'il est nécessaire de contenir une éventuelle déviation de la fréquence de référence.

Des contrats rémunérés 

D’après Les Échos, le site du groupe Liberty qui produit de l’aluminium à Dunkerque ou encore ceux du chimiste KEM ONE dans le sud de la France font partie des entreprises ayant été automatiquement déconnectées.

Ce dispositif d’interruptibilité repose sur des contrats entre RTE et les 22 industriels concernés. Ils prévoient une coupure de courant dans un délai de 5 ou 30 secondes en cas de déséquilibre important entre la production et la consommation. En contrepartie, les entreprises sont rémunérées jusqu’à 90.000 euros par mégawatt interruptible.

Paul Louis