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Le compromis sur l'AOP Camembert de Normandie est retoqué

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Les professionnels du camembert de Normandie ont finalement rejeté en assemblée générale un projet de compromis. Ce projet issu de deux ans de travaux tentait de régler la guerre des deux camemberts pesant depuis des décennies sur la célèbre appellation fromagère.

La bataille sur l'appellation du camembert normand n'est pas terminée. Après des années de discorde et des mois de négociations, il n'y a pas eu accord, contre toute attente, sur le nouveau cahier des charges modifiant les conditions de production pour bénéficier de l'appellation Camembert de Normandie.

L'assemblée générale réunissant les professionnels concernés, petits producteurs et industriels, "a rejeté à 53% le nouveau cahier des charges" pour bénéficier d'une nouvelle appellation fromagère unifiée. Ce projet était issu d'un compromis entre industriels utilisant le lait pasteurisé et fabricants traditionnels au lait cru, visant à créer "une grande AOP normande", a précisé Patrick Mercier, président de l'association de défense et de gestion de l'AOP Camembert de Normandie.

Le projet d'accord, bouclé en février 2018 sous l'égide de l'Institut national des appellations et origines (INAO), aurait accordé à partir de 2021 la dénomination "camembert AOP de Normandie" à tout fromage, y compris les industriels au lait pasteurisé, fabriqués dans une zone définie en Normandie.

En échange, les industriels avaient dû accepter un renforcement des contraintes de production, notamment l'obligation pour les producteurs d'avoir plus de vaches normandes dans leurs troupeaux de vaches laitières. Il prévoyait aussi la création d'une sous catégorie plus exigeante "véritable camembert de Normandie" au lait cru et moulée à la louche.

En l'absence d'accord, deux types de camembert continuent coexistent en rayons: celui "fabriqué en Normandie" (60.000 tonnes par an) et le "Camembert AOP de Normandie" (6000 tonnes par). Alors que le premier, industriel et souvent à base de lait pasteurisé, ne répond à aucune contrainte de production, le second, moulé à la louche et à base de lait cru provenant au moins pour moitié de vaches de race normande, est soumis à un cahier des charges extrêmement strict.

Frédéric Bergé avec AFP