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"Le cacao ne vient pas de France non plus!": ces fleuristes remontés contre le "rose bashing" de la St-Valentin

Faut-il boycotter les roses de la Saint-Valentin néfastes pour l'environnement ? Des fleuristes appellent à jouer la carte de la transparence et non de la culpabilisation.

Les Français vont-ils boycotter les roses en ce jour de Saint-Valentin? La fleur est la star de la fête des amoureux. Selon une enquête de Kantar pour FranceAgriMer, ce sont 1,4 million de foyers qui ont effectué un achat de végétaux le 14 février 2023, en hausse de 27%. La rose est de loin l'espèce la plus représentée en ce jour avec 67% des dépenses de la part des acheteurs de bouquets.

Mais depuis quelques années, des voix s'élèvent contre ce choix de fleur jugé peu respectueux de l'environnement.

"La fameuse rose de la Saint-Valentin n'a que très peu de réalité en Europe au mois de février", s'agaçait lundi sur France Inter Hortense Harang cofondatrice de Fleurs d’ici, une place de marché qui regroupe des producteurs français.
Pourquoi ne faut-il plus offrir de roses à la Saint-Valentin?
Pourquoi ne faut-il plus offrir de roses à la Saint-Valentin?
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Les fleurs produites en France ne représenteraient aujourd'hui que 8 à 10% des besoins nationaux. Le pays en importe donc massivement et en particulier des roses dont il ne reste plus que quelques productions dans le département du Var.

Faire venir des fleurs de l'étranger aurait un impact carbone élevé. Une étude de l'Ademe relayée par Le Monde évaluait en 2018 à 1 kg de CO2 l'émission d'une tige importée, l'équivalent d'un trajet de 5 km en voiture. Le pays a importé en 2022 pour 137 millions d'euros de roses selon le bilan annuel de FranceAgriMer soit 9% de plus qu'en 2019.

"Pas des irresponsables !"

Une ritournelle qui agace pourtant de nombreux fleuristes qui en ont assez du "rose bashing". Comme Farell Legendre, le président de la Fédération Française des Artisans Fleuristes qui représente 10% de la profession.

"Il faut arrêter de nous considérer comme des irresponsables et de culpabiliser les acheteurs, s'emporte le fleuriste. Le cacao que l'on mange, le café que l'on boit, il ne vient pas de France non plus !"

Dans sa boutique, lui préfère jouer la carte de la transparence en indiquant la provenance de ses fleurs et en mettant en avant des fleurs de saison cultivées en France ou en Europe comme les anémones, les renoncules ou les violettes.

D'où viennent les roses que nous allons acheter ce 14 février ? Principalement des Pays-Bas, d'Equateur, du Kenya et de Colombie qui sont les principaux fournisseurs de la France. Ce sont d'ailleurs ces trois dernières destinations lointaines qui sont pointées du doigt pour leur impact environnemental.

Une étude commandée par Max Havelaar sur l'impact environnemental du commerce international des roses fait pourtant une tout autre estimation. Selon les chercheurs, une rose européenne (néerlandaise pour la très grande majorité) génère 27 kg d'équivalent CO2 par bouquet quand un bouquet Fairtrade transporté par avion du Kenya génère au total 9,3 kg de CO2, soit 66% d'émissions en moins que les fleurs hollandaises.

Les fermes au Kenya

"Il n'est pas sérieux de blâmer la rose venue de l'étranger, sur le seul critère de la distance entre le point de vente et le point de production, confirme Farell Legendre. Un très grand nombre de fleurs du Kenya, de Colombie ou d'Equateur sont produites dans un milieu naturel, nécessitant pas ou peu d'énergies, dans des fermes qui se sont dotées de chartes vertueuses."

Pour le fleuriste, le critère environnemental ne doit de plus pas être le seul à prendre en compte.

"Dans les fermes en Afrique, ce sont principalement des femmes qui travaillent et derrière elles ce sont 10 ou 20 personnes qui mangent, explique Farell Legendre. Vouloir mettre fin au commerce international n'est pas une solution."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco