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La filière du lin français relancée grâce aux masques

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- - JEAN CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Le lin, une des matières recommandées pour fabriquer ses masques en tissu, connaît un regain de commande en France grâce à la pandémie.

La fabrication de masques en lin permet à l'entreprise textile Emanuel Lang de Hirsingue, dans le Haut-Rhin, de relancer la fabrication de produits dans cette matière délaissée en France depuis des décennies, a-t-on appris jeudi auprès de sa direction.

Emanuel Lang a obtenu mercredi soir l'homologation de la Direction générale de l’armement pour ses masques en lin et coton qu’il produit depuis début avril, prévoyant de doubler sa cadence actuelle pour passer à 300.000 unités par semaine d'ici à la mi-mai, a indiqué son dirigeant, Pierre Schmitt.

Les masques homologués sont de catégorie 2 (pour les professionnels à contacts occasionnels avec d'autres personnes) et réutilisables jusqu'à dix fois, mais la PME "garantit leur fiabilité après bien davantage de lavages, plus de 30 au moins".

Plus résistants mais plus coûteux

"Quelques adaptations techniques en cours" doivent leur permettre de monter en catégorie 1 (pour les activités en contact régulier avec le public), a précisé Pierre Schmitt.

Grâce au lin et au coton, matières naturelles, ils sont "plus réutilisables, plus résistants, plus confortables que les masques standards et apporteurs d'une fraîcheur très appréciable avec le retour prévisible des grandes chaleurs", fait-il valoir.

Ils sont par contre plus chers, avec un prix unitaire de 2,50 euros hors taxes pour des commandes "de grands volumes", a-t-il souligné.

Leur production apporte un gros coup de pouce à la filature de lin que la PME de 25 salariés avait démarrée juste avant le confinement. Emanuel Lang a en effet décidé de créer une filière complète de fabrication à partir de cette plante, ce qui marque le retour de cette activité en France.

Un tiers de l'activité dédié aux masques

"La matière première est cultivée en Normandie mais sa transformation était partie depuis des décennies à l'étranger. Nous la relocalisons", a souligné Pierre Schmitt.

Pour cela, l'entreprise a racheté plusieurs machines en Hongrie et acquis un prototype du fabricant NSC Schlumberger, basé comme elle dans le Haut-Rhin, a-t-il poursuivi.

Selon Pierre Schmitt, la production actuelle de masques représente "environ un tiers" de l'activité d'Emanuel Lang, qui honore en même temps les commandes en lin reçues pour l'habillement, l'ameublement et les textiles techniques, soit les clientèles visées avant la crise sanitaire.

La PME fait partie d'un groupe de quatre usines textiles du Haut-Rhin propriétés de Pierre Schmitt, représentant un effectif de 150 salariés et un chiffre d'affaires annuel de 30 millions d’euros.

N.G. avec AFP